"Dorothée" Lamouret
Jeanne Dorothée Lamouret (~1709-1781)
L’exercice appelé « Geneasaint », initié par Christiane Bruneau, invite quotidiennement à nous pencher sur les personnes portant le prénom du jour dans notre arbre.
Le 6 février est célébré (e) la Saint « Dorothée », prénom relativement rare, seules six femmes de mon arbre le portent.
Bon à savoir, amis généalogistes : c’est un prénom épicène. Personnellement, je n’ai pas encore rencontré d’homme ainsi prénommé dans ma généalogie. Ce qui m’a conduite vers Jeanne Dorothée Lamouret pour laquelle la recherche était peu aboutie. Il m’aura fallu plusieurs jours pour compléter les données et présenter mon article en différé.
Une naissance en milieu hostile
Est-ce l’année du « grand hiver », dont le souvenir fait encore frémir, qu’est réellement née Jeanne Dorothée ? Nul ne le sait, mais si ce n’est pas cette date, c’en est une proche.
C’est toute la première décennie qui constitue l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de France. Les guerres de succession d’Espagne, la fin du règne de Louis XIV, ont considérablement affaibli le pays et grevé les finances de l’état. Le pire est encore à venir avec 1709.
Cette année-là, le pays est dévasté par une des plus terribles vagues de froid de son histoire, encore accentué par un vent de bise si violent que les rivières gelèrent, ainsi que toutes les cultures. La famine s’installa. Cet épisode fit, d’après les historiens, entre 500 000 et 600 000 morts sur une population de 22 millions d’habitants.
Je dois mon existence à sa robustesse puisqu’elle est l’arrière-arrière-grand-mère de mon arrière-grand-père Augustin Lefort, en résumé mon aïeule à la 7e génération. Si elle s’établit à Montigny, il n’est pas certain qu’elle y soit née. Il se pourrait qu’elle provienne de Ligny en Cambrésis, le village voisin.
Hélas ! les registres de catholicité du début du XVIIIe siècle sont lacunaires, voire absents, la plupart des dates de naissance sont estimées en fonction de l’âge approximatif indiqué dans les actes de décès.
Un contrat de mariage bien utile.
L’environnement familial, partiel, de mon personnage sera révélé par son contrat de mariage conclu avec Jean-Baptiste Farez, en date du 02 janvier 1732.
J’y apprends qu’elle est fille de Nicaise Lamouret, autrefois laboureur, aujourd’hui décédé, et de toujours vivante Marie Magdeleine D’Arthois (ou D’Artois modernisé en Dartois).
Oh là là ! est ce que je descendrais des Capétiens ? Mon esprit s’emballe, Philippe Auguste, Saint-Louis…. Mon ardeur sera vite calmée, on ignore qui sont les parents de Marie Magdeleine. On peut toujours rêver ! Comme disait ma grand-mère « ça ne mange pas de pain ».
Je n’aurai pas plus de chance avec Nicaise Lamouret dont je n’ai retrouvé aucune trace en amont.
La signature du contrat de mariage réunit, autour de la mariée, deux de ses frères et son beau-frère. Jean-Baptiste Lamouret est cité. Est-ce celui qui, né entre 1700 et 1702 a épousé Barbe Leclerc puis Jeanne Marguerite Pigou ? C’est fort possible. Cité également Pierre Antoine, mort à 43 ans le 22 septembre 1759, il serait donc né vers 1716. Enfin le beau-frère, Jean Leroy, qui habite Bazuel (Basuyaux, sur l’acte). L’indication géographique m’a permis de retrouver son épouse, la sœur de Jeanne Dorothée : Marie Michelle Lamouret.
Voilà qui étoffe un peu l’environnement familial de mon personnage.
Une vie de labeur
Le couple s’établira à Montigny, petit village rural de quelque 500 âmes à l’époque. C’est là le berceau de la famille de Jean-Baptiste Faré (Farez) son époux.
Soumise à la domination seigneuriale de l’église, la population vit essentiellement de la double activité agricole et artisanale. L’exceptionnel essor démographique du début du XVIIIe siècle ayant engendré le manque de terres, et le poids du système féodal sont à l’origine d’une importante crise sociale chez les paysans. Le tissage du lin, la mulquinerie, a constitué pour eux une solution.
Jean Baptiste Farez, son épouse Dorothée ainsi que leurs enfants travailleront tous autour de cette activité artisanale.
Entre 1737 et 1756 naîtront neuf enfants dont seulement trois ne passeront pas le cap de la prime jeunesse. Dorothée est âgée de quarante-six ans à la naissance de son petit dernier. Ce qui est tout à fait dans la moyenne de l’époque et même un peu meilleur.
Un peu de généalogie
Les arbres en ligne sur Généanet comportent plusieurs erreurs, l’une d’entre elles consiste au mélange des dates de décès de Jean Baptiste avec celle de son frère Jean-François.
J’ai longuement feuilleté, sur le site des archives départementales, le registre de BMS de Montigny pour trouver la date de décès de Jean Baptiste.
Il est vivant en 1778, au second mariage de sa fille Jeanne Catherine. Il est mort au décès de son épouse en 1781. Reste deux années : 1779 et 1780. J’ai parcouru toute l’année 1780, il n’y figure pas. Donc 1779 ? Pas de chance, l’année est manquante. Il y a donc de fortes présomptions pour que mon aïeul soit mort cette année-là.
Si vous le souhaitez, vous pouvez retrouver l'intégralité du contrat de mariage de Jean Baptiste Farez et Dorothé Lamouret dans le dossier Album photo ICI . Mes remerciements vont à Paul Povoas, de Généalo, pour la transmission de ce document.
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Date de dernière mise à jour : Sam 24 fév 2024
Commentaires
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- 1. Joëlle Desaint Richez Le Sam 24 fév 2024
Félicitations pour ce bel article, au plaisir de vous lire.-
- Dominique LENGLETLe Dim 03 mars 2024
merci beaucoup pour ces encouragements
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- 2. Fanny-Nésida Le Ven 23 fév 2024
Dorothée et son précieux contrat sont sortis de l'ombre -
- 3. Catherine Livet Le Ven 23 fév 2024
Ha ! C'est vraiment super de trouver le contrat de mariage de nos ancêtres ! -
- 4. JF Le Ven 23 fév 2024
Excellente chronique. Se lit comme polar. -
- 5. Jean-Luc Marcel DUMOULIN Le Ven 23 fév 2024
Excellent travail de recherche et de rédaction. Bravo
Bisous
Jean-Luc
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