Thérèse Dozière, Morte pour la France (1937-1940)
Née le mercredi 11 août 1937
l’enfant n’avait pas encore trois ans lorsqu’elle fut subitement arrachée à sa famille et à la vie.
L'innocente victime, au terrestre séjour,
N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
Adieu, dans la maison d'où l'on ne revient pas.
André Chénier
17 mai 1940
De toute part les nordistes proches de la frontière se précipitent sur les routes de l’exode. Le souvenir des sévices endurés lors de la guerre précédente, vieille d’une vingtaine d’années, est encore présent dans tous les esprits.
La semaine précédente, le 10 mai, après plusieurs mois d’attente et d’angoisse, les Allemands ont attaqué la Belgique et la Hollande malgré le statut de neutralité de ces deux pays. La panique s’est emparée des populations qui se sont échappées vers la France.
La veille, le 16 mai 1940 débutaient les premiers combats dans le Nord avec le bombardement de Maubeuge, ville garnison de première ligne, ceinturée par ses forts.
Le danger est partout. Les avions allemands, lors de raids meurtriers, bombardent et mitraillent, sans distinction, les convois mêlant civils et militaires.
Le Bertrésien François Honoré Dozière est alors gendarme en poste à Jeumont, ville frontière avec Erquelinnes en Belgique, où il demeure en caserne avec sa famille : Jeanne Delille, son épouse et leurs trois enfants : Claire 11 ans, Raymond 9 ans, et Thérèse, la petite dernière, née en août 1937.
La caserne est évacuée, les familles, prises en charge, embarquent dans un train direction Paris. C’est en cours de trajet que le drame survient.
Procès-verbal du 23 août 1943
La mère, Delille Jeanne, épouse Dozière François, ménagère, demeurant à Jeumont, gendarmerie mixte déclare :
« Le 17 mai, fuyant l’invasion, je me trouvais en gare de Cambrai avec mes trois enfants. J’étais en compagnie de Mesdames Catrin, Clay et Hudelot, dont les époux faisaient partie de la même brigade.
Nous étions dans un train en partance pour Paris. Vers 9h30, nous avons subi un violent bombardement par avions. Plusieurs bombes sont tombées près de nous, sur les voies. Par suite de l’éclatement de ces engins, mes filles, Claire, Thérèse et moi-même avons été blessées. Ma fille Thérèse était la plus atteinte. Elle fut transportée par un militaire dans l’hôpital de la ville où elle est décédée à son arrivée, des suites de ses blessures. »
Les mots froids, concis, employés dans un rapport, ne peuvent pas traduire la terreur des enfants, le chagrin des parents. Nul ne peut d’ailleurs l’imaginer sans avoir vécu pareille situation.
La petite Thérèse se verra reconnue, après enquête, « Morte pour la France » le 15 juillet 1943.
Ce bombardement provoquera la mort de près de 200 personnes.
Un peu de généalogie.
François Dozière est le benjamin d’un fratrie de quatre enfants dont des jumeaux qui n’ont pas survécu. Il est apparenté aux Pruvot et aux Delhaye.
Assez rare pour l’époque : ses trois enfants auront connu leur arrière-grand-mère Anne Rosalie Delhaye, décédée trois jours après la naissance de la petite Thérèse. N'hésitez pas à cliquer sur l'image ci-contre pour la lire.
Archives
Je remercie de Service Historique de la défense à Caen, qui m’a gracieusement adressé les éléments du dossier de la victime.
Ces documents, dossier coté AC 21P 337116, sont visibles dans l'annexe ICI.
"L’exploitation de cette reproduction pour une publication est soumise à l'obligation de mentionner le Service historique de la Défense et les cotes des documents utilisés."
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Date de dernière mise à jour : Sam 07 sept 2024
Commentaires
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- 1. Bernadette Guiglielmoni Le Sam 07 sept 2024
Mon grand-père Benoni Dozière était cousin germain avec François Dozière. Je suis née en 1959 mais je connaissais le destin tragique de "la petite Thérèse". D'ailleurs quand j'allais en vacances à Bertry chez ma grand-mère Blanche Jeanne Delhaye nous allions sur sa tombe. J'ai connu "le cousin François". Sa sœur était carmélite sous le nom de Sœur Marie-Claire. Je suis allée la voir au Carmel de Saint Germain en Laye vers 1975 -
- 2. Alain THIREL DAILLY Le Sam 07 sept 2024
Merci beaucoup pour ce récit contemporain et émouvant.
Alain
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