Cetait au temps ...

Marguerite Dozière (1943-2014)

Une « photomaton » nous ramène au début des années 60.

Elle a été prise dans une cabine qui se trouvait sous l’auvent de l’entrée du magasin La Cave de Cambrai. Peut-être était-ce la seule de l’arrondissement !

« Photomaton » n’a pas été inventée par Mr Maton. Il s’agit d’un mot-valise, composé de 3 parties : photo, puis mat, pour automate et enfin, le suffixe "on" pour je ne sais quelle raison. Si la société a été créée en 1936, elle connaîtra son heure de gloire à partir des années 50 dans les grandes villes et, la décennie suivante, un peu partout sur le territoire.

Beaucoup d’entre nous l’ont connu. Souvenez-vous de ce petit isoloir. Son tabouret que l’on tournait encore et encore pour l’ajuster à la bonne hauteur et son rideau gris plissé que l’on pouvait choisir comme fond. Vous glissiez un franc dans le monnayeur et c’était parti pour une série de portraits individuels, ou pas. Sérieux ou loufoques.

Qui ne s'est pas fait avoir par le flash qui part au mauvais moment, pile quand on ferme les yeux, quand on remet en place une mèche de cheveux, ou quand on pense avoir déjà fait les 4 photos et qu'on se relève ? Puis c’est l’attente fébrile devant le distributeur à l’extérieur. Surtout ne pas toucher immédiatement la languette qui vient de tomber ! Elle n’est pas encore sèche.

Cabine

Au cœur des sixties

Les sixties

 

J’ignore la date exacte de cette photo, je sais juste que les amoureux sont « jeunes mariés », alors, disons entre 1960 et 1965.

Le général de Gaulle est aux manettes. La France tente de s’extirper d’une très douloureuse guerre d’Algérie. Le monde rural vit sa révolution : le remembrement agricole. Dans les cuisines, le réfrigérateur a pris une place centrale et bouleversé les méthodes de travail de la ménagère.

Dans les salles, Steve Mc Queen, joue la grande évasion et rivalise, avec le Docteur Jivago ; tandis que sur les tourne-disques Françoise Hardy est en concurrence avec quatre garçons dans le vent.

Comme on dirait de nos jours, déjà la France est plurielle !

Une vie, une famille.

Marguerite Marie naît le 5 mai 1943, en pleine guerre mondiale à Bertry. Elle est la fille d’Eugène Dozière, cultivateur et Marie Sétiaux, épicière.

L’arrivée de ce dernier enfant a dû surprendre le couple. Les deux frères de Marguerite, que les Bertrésiens ont bien connus, sont Emile, né en 1922, boulanger rue Pasteur, et Eugène né en 1927, agriculteur sur la grand-place. Soit un écart de plus de 20 ans entre le premier et la troisième.

 La nature est parfois farceuse en matière d’hormones. Même si la ménopause et ses conséquences ont été étudiées dès le XIXe siècle, on emploie encore dans nos campagnes la périphrase « retour d’âge ». Alors, les aléas de la préménopause, dans les années 40…

lorsque l’horloge biologique connaît ainsi des ratés, les grossesses, pour être rares ne sont pas pour autant exceptionnelles. Cela ne se fait pas sans risque, tant pour la santé de la mère que cette de l’enfant. Fausse-couche, naissance prématurée, bas poids de naissance, ou anomalie chromosomique peuvent alors provoquer des séquelles, la médecine obstétrique n’étant pas aussi évoluée que de nos jours.

Lors de sa naissance, Marguerite est, peut-être, un peu prématurée ou au moins est-elle d’un poids inférieur à la moyenne, les aînés aiment à rappeler qu’elle « tenait dans une boîte à chaussures ». Toute sa vie, elle restera un petit gabarit, n’en étant pas moins dure à la tâche pour ce qui est des travaux de la ferme !

Ses frères se sont mariés dans les années 40, ils ont quitté la maison peu après sa naissance. En 1956, son père décède alors qu’elle n’a que 13 ans. Marie Sétiaux ne refera pas sa vie, La fillette grandira seule avec sa mère.

Elle est encore adolescente lorsqu’elle tombe amoureuse d’un agriculteur, originaire de Montigny, de 9 ans son aîné, Emile HALLE.

L’attirance est réciproque et, le 6 septembre 1960, alors âgée de 17 ans, elle épouse son fiancé à Bertry.

Un an plus tard naîtra leur premier enfant, une fille, Marie-Pierre. Laurent suivra en 1965.

Émile meurt en 2002 à seulement 68 ans. Marguerite, sa veuve continuera d’aider ses enfants à la ferme pendant quelques années. Assez rapidement, ils constateront que ses fonctions cognitives deviennent défaillantes, malheureusement leur mère devra finir ses jours, placée en maison de retraite. Elle s’y éteint en 2014.

Maguy 1Mes plus vifs remerciements à Jean-Claude Taisne, qui m’a confié cette photo.

Les cabines photo existent toujours, mais elles ne sont plus guère utilisées que pour les necessaires photos d'identité, le smartphone a donné un grand coup d'arrêt à leurs fonctions ludiques.

Petit test : Qui d'entre vous est entré dans une de ces cabine, juste pour le plaisir au cours des 10 dernières années ?

 

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Date de dernière mise à jour : Mar 16 juil 2024

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Commentaires

  • Christiane Bruneau
    • 1. Christiane Bruneau Le Mar 16 juil 2024
    Mais ça fait une éternité que je n'y suis pas allée.... la dernière fois c’était pour ma carte d'identité qui depuis est périmée!
  • THIREL DAILLY Alain
    Dominique, ton article m'a fait sourire, j'aurais pu écrire quelque chose de la sorte. D'abord, je réponds à ta question : je suis entré dans de "vrais photomaton" (et donc pas pour y faire des photos d'identité) une petite dizaine de fois dans les six dernières années. À Arles, d'abord, aux Rencontres de la Photographie où un "antique" photomaton trônait dans la cour d'accueil ; nous y avions fait une série avec un bon copain photographe, lui aussi. La dernière fois, c'était à Lille à l'Institut de la Photographie, rue de Thionville, qui est équipé d'un vieux photomaton. Entre deux, j'ai eu l'occasion, plusieurs fois de faire quelques "autoportraits" dont un dans le cadre d'une série d'autoportraits que j'ai réalisés durant le 1er confinement, dont certains avec mon épouse. L'autoportrait en photomaton m'a servi de carte de voeux 2021. Enfin, beaucoup plus prestigieux, mon ami photographe Olivier Despicht, lillois, a été exposé à l'Institut de la photo, récemment, pour sa série magnifique de portraits au photomaton réalisée à la fin de ses études aux Beaux Arts.

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