Marie Avoye Dollet (~1654->1713)
Sosa 2025
Une nouvelle année commence, et avec elle, le rituel incontournable des généalogistes : explorer l'ancêtre qui porte le numéro du millésime ! Après avoir passé 2024 en compagnie de Michel Farest (Farez), c'est au tour de sa moitié de briller… enfin, si l'on peut dire !
Chère Sosa 2025, te voici mise à l'honneur, ou presque, puisque tes traces dans les archives sont pour le moins discrètes. Autant dire qu'avec toi, c'est un jeu de piste où les indices sont rares, les hypothèses nombreuses, et l'imagination un outil indispensable. Amis lecteurs qui ne savez pas ce qu'est un Sosa, vous trouverez l'explication en bas de page. C'est mon Arrière-Arrière-Arrière.........Grand-mère à la onzième génération
Un prénom qui intrigue : Avoye
Si ton existence est un mystère, ton prénom, lui, est une pièce fascinante du puzzle.
Tu es mentionnée dans les deux seuls documents parvenu jusqu’à nous :
le mariage de tes filles Marie Anne puis Jeanne Michelle. Chaque fois l’interprétation de l’écriture est approximative, pour l’un tu es « Marieanoie » pour l’autre « Marie Hanoye » en réalité il faut lire Marie « Anoye », une variante de « Avoye». Un prénom qui, déjà à ton époque, était extraordinairement rare : seulement 0,01 % des naissances !
Mais d'où vient-il ?
Plongée dans l'histoire : Avoye ou Anoye est liée à une sainte chrétienne, Avoye de Sicile. Selon la tradition, cette martyre du IIIᵉ siècle, née en Sicile, aurait trouvé la mort à Boulogne-sur-Mer après avoir refusé un mariage imposé par un chef barbare. Son supplice fut atroce. Reconnue sainte par l'Église catholique, elle est fêtée le 6 mai.
Qui de tes parents, ou toute autre figure influente de ta famille ou de l’église, a pu choisir ce prénom
? Cette audace te confère une certaine singularité qui traverse les siècles et résonne jusqu’à nous. Aucune de tes filles ne le portera, ce prénom ancien disparaît presque complètement à partir du XVIIIᵉ siècle.
Une biographie fragmentée,
Tu nais avant 1654, dans une région où les changements politiques et les conflits ont marqué l’Histoire. À cette époque, le Cambrésis, fait encore partie des Pays-Bas espagnols, les 17 provinces, jusqu’en 1678.
Malgré cela tu ne connais pas un mot d’espagnol, tu t’exprimes, comme tout un chacun, en patois picard, « Ché ti, ché mi » ancêtre de ce que l’on appelle aujourd’hui le ch’timi.
J’ignore à ce jour qui sont tes parents, seules quelques dates permettent de tracer les grandes lignes de ta vie :
Tu épouses Michel Faretz, laboureur et couvreur de paille, probablement vers l’âge de 20 ans, autour de 1674. Un an plus tard, tu mets au monde ton premier fils, Jean, qui sera déclaré aîné de la fratrie lors de son mariage. Suivront au moins cinq autres enfants : Médard, Catherine, Jeanne Michelle, Marie-Anne, et Magdeleine. Je descends à la fois de ton fils Médard et de ta fille Catherine.
Tu es encore en vie, en 1713, au mariage de ta fille, Jeanne Michelle. Ce qui nous permet de confirmer que tu as vécu au moins jusqu’à l’âge de 59 ans.
Un quotidien immuable
Ton quotidien étant rythmé par les travaux domestiques, chaque jour il t'incombe de gérer la maisonnée, le potager et la basse-cour, nourrir les enfants, et assurer leur survie dans des conditions parfois rudes.
Tu participes aux travaux des champs en période de récolte, file du lin pour compléter le revenu familial, et veille à ce que l’indispensable ne manque pas.
Bref, tu es la cheville ouvrière de la famille : un rôle vital dans ce XVIIᵉ siècle mouvementé et dangereux où les hivers semblent toujours trop longs, les loups sortent encore des forêts, et les guerres laissent leur empreinte indélébile.
Tu as survécu aux fléaux, la grande famine de 1693-1694 qui fit plus d’un million de morts, puis le Grand Hyver 1709, le plus long, le plus rude, et le plus meurtrier que le pays n’ait jamais connu. Sans oublier les épidémies, peste, typhus et choléra. La période de ton existence, se nomme le Grand-Siècle, je doute que tu l’aies perçu comme ça.
Portée par la foi catholique et la promesse d’un monde meilleur, tu t’es rendue chaque semaine à la petite église du village, prier sous les voûtes de pierre pour la santé de tes proches ou le succès des récoltes.
Chère Avoye, sans qui je n’existerais pas, ta vie fut celle de toutes les femmes de ton époque, passant de la tutelle de du père à celle du mari, dans un monde marqué par les enfantements multiples dans des conditions rudimentaires et les deuils à répétitions. Je veux croire malgré tout qu’au-delà de toutes ces misères tu as connu un peu de joie auprès des tiens. Ne parlons pas de droit au bonheur, cette notion ne sera définie qu’à partir du siècle suivant, le siècle des lumières.
Un peu de généalogie
J’ai trouvé une hypothèse de piste en ce qui concerne la provenance de Marie Avoye Dollet : A la même époque un individu nommé Médard Dollé (~1640-1720) originaire du village voisin de Busigny épouse à Clary en secondes noces Michelle Lamouré. Il pourrait s’agir d’un frère ou d’un cousin.
Pour mieux vous situer le couple Farez x Dollet, je vous invite à relire l’article rédigé l’an dernier mon Sosa 2024 : Michel Farest.
Comme je vous l'ai indiqué plus haut je descends de ce couple par deux branches. Sosa 2025, par ma grand-mère maternelle, Marie Antoinette Lefort, mais également par mon grand-père maternel, Eugène Delépine, via les Dussaussois.
Le Sosa :
La numérotation de Sosa-Stradonitz, du nom de son inventeur est une méthode de numérotation des individus utilisée en généalogie permettant d’identifier par un numéro unique chaque ancêtre dans une généalogie ascendante.
Le principe de la numérotation est d’attribuer le numéro 1 à l’individu racine , moi en l'occurence, puis le numéro deux à son père et trois à sa mère (ici Rolande). Chaque homme a un numéro double de celui de son enfant et donc pair et chaque femme un numéro double de celui de son enfant plus un, soit un numéro impair.
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Date de dernière mise à jour : Lun 13 jan 2025
Commentaires
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- 1. Marthe Le Lun 13 jan 2025
Quel beau texte, et quelle belle mise en contexte ! Tu donnes tellement de vie et substance à Marie Avoye Dollet, en partant de si peu, c'est formidable.-
- Dominique LENGLETLe Mar 14 jan 2025
Merci beaucoup pour ce compliment. Vous le savez, il se passe parfois des choses étranges en généalogie. J'ai commencé à écrire cet article par formalité, en trainant les pieds. Puis, mon personnage a pris chair à l instant où j'ai écrit qu'elle était mon AAAA...grand-mère, j'ai éprouvé une connexion affective qui a libéré mon écriture.
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- 2. Catherine Livet Le Lun 13 jan 2025
Bravo ! Pas facile de trouver "sa" Sosa 2025 dans ces temps reculés !
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