Cetait au temps ...

Emilien Fruit x Alfreda Thery

Emilien, né en 1904 au début du 20e siècle, est le premier enfant du couple formé par Émile Fruit et Aimée Wanecq, tous deux tisseurs. À l'aube de la Première Guerre mondiale, il a 10 ans. Entre-temps, la famille accueille un petit frère, Noël, en 1906, puis une sœur, Noëlla, en 1911. Malheureusement, Noël meurt accidentellement en 1909, ce qui donne à la benjamine son prénom en mémoire du frère disparu.

Emilien poursuit la scolarité obligatoire de l'époque, jusqu'à ses 11 ou 12 ans, avant de s'orienter vers la menuiserie, un métier qu'il exercera toute sa vie. Sur la photo de 1922 prise à Maretz, il apparaît chez son premier employeur, le premier à gauche, une cigarette aux lèvres.

Emilien travail maretz 1923

Le service militaire

En 1925 Emilien effectue son service militaire au 22è RTA - Régiment Tirailleurs Algériens (Merci à mon ami Jean Yves, collaborateur du forum Le monde en guerre pour l'identification). Alors que la France se prépare déjà à une nouvelle confrontation avec l'Allemagne, la conscription est passée à 18 mois en 1923, 

Regiment tirailleurs algeriens emilien fruit

      Emilien jeanne et paul griere epinal 01 02 25 1Emilien militaire 1926

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La photo de droite est prise à Epinal avec sa soeur aînée, Jeanne Marie et son beau-frère Paul Grière, militaire de carrière.

C'est lors d'une  visite à Cambrai chez son cousin Mastias, alors gérant du magasin  la Coop située au Pont Michelet qu'il rencontre celle qui deviendra son épouse Afreda Thery., de quatre ans sa cadette.

En famille 

 

Le couple se marie à Cambrai, le 24 février 1934. Emilien a déjà 29 ans. Le couple s'établit à Bertry, son village natal. Il vit Grand-rue (aujourd'hui rue de la République) dans une maison appartenant à notre famille, Il dispose d'une grande vitrine qui lui permettra d'exposer les meubles de sa fabrication.

 

 

Mariage emilien x alfreda

        Tante alfreda

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cercueil

Emilien  travaille dans son atelier situé rue Lazare Carnot où il exerce ses talents de menuisier ébéniste. Cela va de la fabrication des meubles à celle d'huisseries, portes et fenêtres.

Mais c'est par sa 3è activité qu'il fréquentera presque tous les bertrésiens et au delà : il fabrique les cercueils de ses concitoyens. Lorsque j'étais petite fille, j'aime beaucoup me rendre dans son atelier. Je passais des heures à le regarder travailler, à le voir fabriquer les meubles et  cercueils. J'étais fascinée par son habileté et la précision de ses gestes. L'odeur des copeaux s'imprégnait en moi, et la beauté du bois vernis m'émerveillait.

Nous récupérions des seaux entiers de sciure, que mon père utilisait ensuite pour fumer la charcuterie. Ces moments passés dans l'atelier restent gravés dans ma mémoire, remplis de cette ambiance particulière.

 

Gérard, leur fils aîné naîtra en mars 1935, puis viendra Emile en Septembre 1937. Quelques photos de la famille au fil des ans:

Emilien et ses 2 fils 1938                                                    Emile et gerard fruit 39 40

Emilien alfreda et les enfants 1939

 

De menuisier à croque-mort :

 

Au temps de mon grand-oncle Emilien, les sociétés de pompes funèbres n'existaient pas dans les villages. Dès l'annonce d'un décès, plusieurs personnes se regroupent pour intervenir. Le corps du défunt était confié à la toiletteuse, qui, aidée parfois par d'autres femmes, préparait le corps pour son exposition sur son lit d'apparat. La toilette mortuaire était un rite de passage, un travail réservé aux femmes. Elles déshabillaient le corps, le lavaient à l'eau tiède, puis l'habillaient de ses plus beaux vêtements pour le rendre présentable devant le Créateur. Le défunt était exposé et veillé pendant trois jours dans sa maison, où les proches venaient lui rendre visite. Le menuisier prenait alors les mesures du corps pour réaliser un cercueil aux bonnes dimensions. Peu à peu, il offrait d'autres prestations, en collaboration avec la commune, comme la mise en place des tentures sur la maison du défunt et l'utilisation du corbillard. Un maçon intervenait pour creuser la tombe, tandis que l'église s'occupait de la partie religieuse.

À partir de la seconde moitié du 20e siècle, le métier évolue. Les gens ne mouraient plus chez eux mais dans des établissements de soins. Un événement marquant fut le concile du Vatican II (1962-1965), qui supprima les classes d'enterrement. La fabrication des cercueils est devenue moins artisanale, et les modèles furent désormais choisis sur catalogue, Fabrication en France ou ailleurs. C'est à cette époque que Gérard Fruit, le fils d'Emilien, prend la relève de l'atelier familial. Celui-ci, désormais situé rue de l'Égalité, crée à proximité une chambre funéraire, un service innovant qui permet aux familles endeuillées de disposer d'une prise en charge plus simple du défunt (horaires de visites, accueil des familles, etc. ). La toiletteuse traditionnelle est progressivement remplacée par des professionnels, les thanatopracteurs, respectant un protocole technique.

Corbillard                                                Tentures

 

 

Emilien et "le pou du ciel" 

 

Au début des années 30, alors que l'aviation vivait ses premiers balbutiements, Emilien et René Pelletier se lancent dans un projet audacieux : la construction d'un "Pou-du-ciel", un avion conçu par Henri Mignet dans un esprit de simplicité, de sécurité et de faible coût. Les plans de cet appareil étaient accessibles à tous, grâce à un livre publié en 1934, Le Sport de l'Air , qui permettait à n'importe qui, même sans compétences techniques avancées, de se lancer dans l'auto-construction d' un avion. Ce modèle d'avion, léger et abordable, séduisit un large public, attirant une foule de passionnés, bien que peu connu au départ.

Emilien et René, voisins, débutent la construction de l'appareil dans le grenier de la maison de Pelletier, en utilisant du bois, des toiles et des vis. L'envergure de l'avion est telle qu'ils sont contraints de faire un trou dans le mur pour faire passer l'aile. Au fil de la construction, ils rencontrent des difficultés, notamment la nécessité de démonter à la fois le toit et l'avion pour pouvoir le sortir. L'escalier porte encore les traces de la descente du lourd moteur, et le mur conserve la cicatrice laissée par la maçonnerie refaite.

Le Pou-du-ciel, bien que peu connu à ses débuts, suscite un véritable engouement populaire. Mignet, avec une pointe d'optimisme, affirmait que "quiconque est capable de clouer une caisse d'emballage est capable de construire un avion". Ce modèle simple et accessible permet à plus de cent personnes, d'après la revue Les Ailes ,

Quelle aventure !.....Aventure qui ne fut pas du goût des Allemands qui se dépêchèrent de détruire le petit aéronef en 1940.

Avion sorti du toit avec emilien 

 

                                                             René Pelletier à gauche, Emilien Fruit à droite.

 

 

 

 

Le temps de la retraite.

Les années passent. Gérard le fils ainé travaille avec son père, il prendra sa succession plus tard. Gérard épouse Pavelina Quennesson à Maretz le 11 octobre 1958.

Emile deviendra enseignant, professeur. Il terminera sa carrière comme conseiller pédagogique. Marié, deux enfants, il s'éteint d'une longue maladie à soixante et un ans.

Emilien alfreda gerard et emile 1955

 

 

En 1960, une nouvelle génération s'inscrit au grand livre familial : c'est la naissance de Jean Claude, fils de gérard, et filleul d'Emile.

Emilien 4 generations 1960

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emile jean claude et lassie fruit       Emile et jean claude 

Emilien est impliqué dans l'association des anciens combattants de Bertry. On les voit ici devant le monument aux morts du village.

Classe emilien fruit monument aux morts

Emilien est également présent sur une photo de la classe 24 datant de 1974  ( Un grand merci à André Douay pour cette contribution)

50 ans classe 24 emilien fruit

En 1967, Emilien Fruit et sa soeur Gabrielle, lors de la visite de leur cousine Adèle Wanecq (entre eux deux 1er rang)

Visite adele wanecq 2 22 10 1967

 

Au moment de la retraite, Emilien et Alfreda partiront habiter à l'extrémité de la rue Guy Delfosse, dans une petite maison.

Emilien nous a quitté en 1980, Alfréda en 1985.

Leur fils Emile est décédé en 1999, Gérard en 2016.

C'est Jean Claude qui continua l'activité de menuiserie, et  le service de pompes funèbres.Il est décédé prématurément le 24 novembre 2023. Voir ICI

Gérard et son épouse Pavelina au Club des Roseaux (merci à Lionel Basin pour cette contribution)

Gerard et pavelina

Un grand merci à  Gérard et Pavelina pour les phots et les informations complémentaires.

 

Pendant la guerre

Lorsque la guerre éclate, la famille, comme beaucoup d'autres nordistes, se voit contrainte de fuir. Plutôt que de prendre la route, ils empruntent le train, un moyen de transport familier pour eux, grâce à Victor, le père d'Alfreda, qui travaille aux chemins de fer. En 1940, c'est donc par ce moyen que toute la famille parvient à rejoindre Bourganeuf, une petite ville dans la Creuse, où ils se réfugient.

Les souvenirs de cette période sont capturés dans trois photos non identifiées, prises à Bourganeuf le 10 avril 1941, montrant des réfugiés juifs polonais (d'après une annotation au verso). Si quelqu'un peut fournir des informations à ce sujet, elles seraient grandement appréciées.

La famille reste à Bourganeuf jusqu'à la fin de l'année 1942, période où l'armée allemande envahit la zone Sud. Emilien rentrera au début de l'année 1943. Il semble que les enfants, Gérard et Émile, aient été scolarisés à Bourganeuf pendant ces années, leur quotidien marqué par l'incertitude et les bouleversements.

Famille juive bourganeuf

Famille juive bourganeuf3

Famille juive bourganeuf2

 

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Date de dernière mise à jour : Mar 04 fév 2025

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Commentaires

  • lionel basin
    • 1. lionel basin Le Jeu 05 nov 2020
    super