Famille Abouav Valero
La famille Abouav-Valero habitait 3 rue Petion dans le 11è arrondissement de Paris.
Le père Michon Abouav , dit Jacques, est né à Constantinople le 24 mai 1905. Il est le fils d'un riche commercant du bazar d'Istamboul.C'est un habitué du cafe du Bosphore, situé au 74 de la rue Sedaine, dans le 11è arrondissement, ou il y retrouve de nombreux compatriotes- Le Bosphore etait le 1er café judéo-espagnol de Paris, créé en 1905.
Il a épousé Alice Valero née le 27 mai 1904 à Constantinople de Moïse Valero et Zelda Levy.
Alice est une très jolie femme, ses amis la surnomment "Viviane" car elle ressemble énormément à l'actrice Viviane Romance, héroine du film Cartacalha ou elle incarne la Reine de gitans. (anecdote communiquée par Jacques Angel).
Le couple a un 1er enfant, Albert, né à Constantinople en 1923. ils émigrent entre 1924 et début 1925, puisque leur 2e enfant Rachel nait à Lyon en 1925. Ci-dessous : Jacques, Alice, Albert et Rachel.
Ils ont 6 enfants.
Fin 42 ou début 1943, le père, Jacques Michon Aoubav est arrêté avec 3 de ses enfants :
Maurice (Moïse) Abouav, 16 ans, Français né à Lyon (2è) le 13 mars 1927
Rachel Abouav, 18 ans, Française née à Lyon (2è) le 24 mai 1925
Zelda Abouav, 15 ans Française née à Epinay S/Seine le 18 octobre 1928.
Ci-dessous les 3 enfants et leur papa.
Il m'a été rapporté ( mais nous n'en n'avons pas la preuve) que la mère, Alice était partie conduire les deux plus jeunes à l'école.
Albert l'aîné, est également absent du domicile.
Albert, réussit à faire disparaitre ses deux plus jeunes frères, Joseph, 6 ans, né en 1937 et Benjamin, 4 ans, né en 1939. Les enfants sont confiés à l'OSE, ils feront partie de ces nombreux enfants cachés. immédiatement après la libération, on retrouve trace de leur passage à la Maison de Sèvres entre 1945 et 1946, dans un registre où ils ont récupéré leur véritable identité. Ils sont un temps chez Madame Mordkowiez, 15 rue Au Maire à Paris 3è arrondissement.
Jacques Abouav et ses 3 enfants arrêtés seront déportés le 23 mars 1943, ils partiront par le convoi 52 à destination de Sobibor*, où ils seront assassinés.
*Le camp d'extermination de Sobibór était un camp d'extermination nazi, situé au sud-est de l'actuelle Pologne, dans la voïvodie de Lublin, district de Włodowa, à l’orée d'une forêt de pins clairsemée, à 12 km au sud du village de Sobibór, . De mai 1942 à l'été 1943, les autorités allemandes y firent assassiner environ 250 000 Juifs .Deux convois acheminèrent des Juifs de France sur le site de Sobibór : les convois nos 52 et 53 des 23 et 25 mars 1943 ; seuls cinq déportés étaient comptabilisés comme survivants en 1945. (source Wikipedia)
Alice Valéro Abouav, la maman, fut arrêtée le 12 juillet 44 et déportée le 31 juillet a Auschwitz, par le convoi 77. a sa descente du train, sur la "Judenramp" (rampe des juifs), elle est séparée des autres et envoyée au Block 24.
Le Block 24 :
Dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, à peine franchi le tristement célèbre portail «Arbeit Macht Frei», on trouvait, sur la gauche, un bordel. Ce «Block 24 A» fut une maison de prostitution forcée à l’usage de prisonniers «méritants» de 1943 jusqu’en janvier 1945, quelques jours avant l’évacuation. Ceci éclaire une dimension de la terreur nazie : l’exploitation de quelque 200 femmes mises au service sexuel de prisonniers. Des travailleuses forcées, humiliées et qui n’ont jamais été réhabilitées.
Même après la guerre, elles ont continué à être stigmatisées et traitées " d’asociales"par une méconnaissance de leurs souffrances, 'lles qui avaient "la chance" d'être revenues.
Honte, embarras sur la manière d’aborder la question, idéologie politique et marginalisation sociale des femmes exploitées expliquent en partie le silence qui a longtemps entouré cette question. Le sujet de la prostitution forcée dans les camps nazis a longtemps été tabou : « Il y avait des directives pour que l’on n’aborde pas ce sujet avec les visiteurs », reconnaît Insa Eschebach, la directrice du Mémorial de Ravensbrück, ajoutant qu’ « on voulait éviter les malentendus, empêcher que la présence de bordels fausse la vision et relativise l’horreur des camps »
Alice reviendra en France, après la libération du Camp après avoir été soignée par les russes, son neveu Jacques Angel, ira la chercher à l'Hotel Lutetia où sont accueillis les déportés de retour des camps. Mr Angel m'a raconté qu'il était passé deux fois à côté de sa tante sans la reconnaitre, tant elle avant changé. elle était très maigre et malade.
Elle a survecu plusieurs années mais ne s'est jamais reellement rétablie, Alice alternait les périodes de vie avec ses enfants et les périodes de placement en hôpital psychiatrique. Elle est finalement décédée des suites de sa captivité en 1962 à l'hôpital de Dreux.
Alice a laissé un témoignagne de sa captivité, déposé au mémorial de la shoah.
Voici le résumé de la notice :
« Témoignage daté d'avril 1954 d'Alice Abouab pendant sa déportation à Auschwitz. - France, 1954. - 83 p.
Le témoignage d'Alice relate surtout ses conditions de vie à Auschwitz. L'auteur est marié à Jacques (Michon), elle est mère de six enfants. Les deux premières parties du témoignage (pages 1 à 66) traitent de sa déportation, des conditions de vie insupportables, de la sélection par Mengele, de sa blessure à l'oreille qui l'a rendu sourde, du typhus qu'elle a attrapé. Alice est envoyée aussi au camp de Cracovie où elle doit retirer les numéros tatoués des morts pour que l'on ne reconnaisse pas leur identité. Elle doit le faire au moyen de ciseaux. Alice a subi beaucoup de mauvais traitements. Elle est battue, enfermée dans une cave sans nourriture et sans lumière. Son camp est libéré par les Russes. Bien soignée par ces derniers et remise plus ou moins sur pied, elle repart pour Paris. Elle est amenée à l'hôtel Lutétia pour qu'elle dépose son témoignage. Elle est très traumatisée. Elle rencontre une femme de l'OSE qui a gardé ses deux fils, Benjamin et Joseph. Elle ne croyait pas les revoir. La troisième partie (pages 67 à 70) relate son enfance en Turquie, ses voyages à l'étranger avec ses parents son mariage à 18 ans, ainsi que son installation en France, son arrestation à Lyon et sa déportation. La quatrième et dernière partie du témoignage traite de divers thèmes dont ses états d'âme, ses blessures physiques et morales, ses souvenirs de déportation qui
l'ont traumatisés à vie.- Ce témoignage est écrit à la main par Alice. Il est difficile à comprendre et à lire car les idées sont couchées sur le papier pêle-mêle et il n'y a pas de chronologie dans le récit. La première partie est la plus complète. Les documents sont remis par son fils Joseph au CDJC le 23/03/1998.
Albert, dit "Albertico" l'ainé des fils de Jacques Michon Abouav et Alice Valero, rejoindra la 1ère armée du Général De Lattre de Tassigny. Il se marie avec Juliette Aelion vers 1947, ils auront un fils Jacques né en 1950.
Albert repart à Istambul après le décès de son grand-père pour tenter de reprendre ses activités commerciales. Juliette attends longuement son retour, puis de guerre lasse, demande le divorce en 1953. Albert reviendra en Europe et s'établira en Espagne, Il ne rentrera en France qu'en 2000, après le décès de son épouse espagnole. C'est à ce moment qu'il reverra son fils pour la 1ère fois.
Albert est décédé en 2010 et s'est fait inhumer à Jérusalem.
Restent deux enfants, Joseph Abouav et Benjamin Abouav.
Joseph et sa famille sont installés en région parisienne
Benjamin et sa famille sont installés en Occitanie.
Je les remercie tous pour l'aide apportée à la rédaction de cette page.
Quelques photos supplémentaires d'Albert
ZELDA VALERO, née Levy. Née en 1872 à Barcelone. De nationalité espagnole, elle ne figurait pas sur la liste des personnes à arrêter. Cependant elle s'est spontanément présentée à la police et a demandé à rejoindre sa fille et ses petits enfants à Drancy. Elle sera déporté à auszchwitz le 31 juillet 1944 par le convoi 77.
Date de dernière mise à jour : Jeu 01 août 2019
Commentaires
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- 1. mayer georges Le Sam 07 mai 2016
Bonjour,
J'ai crée l'association Convoi 77 qui a ( entre autre) comme objectif de rassembler toutes les informations disponibles sur les déportés de ce convoi (voir notre site)
Je souhaite pouvoir reprendre , avec votre accord,reproduire les information et les documents concernant les deux membres de votre familles déportées par le convoi 77 et si possible vous demander d’écrire des biographies plus complete que nous publierons sur notre site accompagnées de documents ( voir les biographies déjà existantes.
Bien cordialement
GM -
- 2. COLLINOT Le Mer 03 juil 2013
Chargé par Claire Romi, présidente d'Al Syete, d'une enquête sur Le Bosphore, je publierai un appel à témoins sur mon site, et compte (en vous citant) publier la photo que vous en avez conservée, si toutefois vous n'y voyez pas d'inconvénient.
Merci pour ce témoignage et, si vous avez d'autres souvenirs du Bosphore, merci de me les communiquer -
- 3. Sandra Abouav Le Lun 19 nov 2012
Bonjour,
Je suis Sandra Abouav, j'ai 28 ans. Je suis la fille de Jacques Abouav, fils d'Albert et petit fils de Jacques Michon et d'Alice Valero.
Je suis troublée et émue d'apprendre certains pans de l'histoire de la famille que nous ignorions auparavant.
Je suis, vous l'avez compris, la petite fille d'Abert, donc l'arrière petite fille d'Alice Valero.
Parlons de tout ça ensemble!
À bientôt,
Sandra Abouav
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