Papy, parle-nous de toi
Me voici, premier enfant - et un garçon s'il vous plait ! - de Marc et Gabrielle qui se sont mariés il y a 13 mois.
Mes parents ont respectivement 22 et 21 ans, ils sont bien jeunes, mais ils ont déjà connu les épreuves de la vie, mon papa a perdu ses deux parents, tous deux ont vécu la terrible "Grande Guerre" pendant leur adolescence.
Mes prénoms ont été choisis selon une coutume répandue, ce sont ceux de mes 2 grands-pères : Adolphe (Lenglet) et Emile (Fruit).
Adolphe et Emile étaient des prénoms très en vogue au XIXè siècle , c'étaient les héros de la littérature romantique.
Adolphe héros de Benjamin Constant, Emile héros de Jean Jacques Rousseau.
La joie d'une naissance prochaine avait été communiquée à toute la famille et aux amis, les travaux d'aiguille allaient bon train,bonnets, brassières, bavoirs, chaussons, (bleus pour les garçons, roses pour les filles) .
Layette de 1925 Chemise, Culotte, chaussons
Ces vêtements n'ont pas la douceur des textiles d'aujourd'hui, mais ce n'est pas tout, les bébés étaient saucissonnés ,emmaillotés dans des langes très serrés.
Comme chacun le sait, les petits garçons naissent dans les choux, et les petites filles dans les roses ! ah et aussi dans les films les bébés naissent dans les lit, mais la réalité est que nous naissons sur la table de cuisine ! La naissance est une affaire de femmes, de sage-femme, les hommes en sont exclus.
Prospérité à Bébé et Compliments à la Maman !
Félicitations au Papa pour ce beau garçon !
Ma naissance a été suivie du baptême.
Mon parrain est mon oncle Emilien, le frère de maman.
Ma marraine est Marguerite Taine.
Pour cette grande occasion, j'ai revêtu une robe de baptême qui restera dans la famille :
elle sera utilisée pour le baptême des autres membres de la famille, de mes enfants,
de mes nièces, puis par la génération suivante.
La fameuse robe de baptême portée par Stephane dans les bras de "grand-mère Lenglet" :
Les traditionnels cadeaux de baptême sont :
La timbale, le coquetier et le rond de serviette en argent.
La chaîne et la médaille
Les dragées.
Les éléments ci-dessus en mode "artistique" version numérique"
...
Quelques souvenirs de ma prime enfance :
A cette époque, au vu des photos, j'en déduis que le coiffeur c'est ma mère !
ci-dessous à 2 ans (1926)
Ci-dessous, probablement chez le photographe Lenglet, qui, je précise n'est pas de notre famille.
En juillet 1927 naissent mes deux petites soeurs, les jumelles Gabrielle et Noelle,
je ne sais pas qu'à quelques kilomètres de Bertry, naîssent quelques jours plus tard deux autres jumelles, Rolande et Laure, et que Rolande deviendra mon épouse. La vie est farceuse.
En juin 1930 naîtra mon jeune frère Jean-Marc. Une photo mal conservée de lui enfant. Il est bien sérieux le petit frère !
Je fréquente l'école communale de Bertry, plus exactement l'école des garçons (la mixité n'existe pas). Le bâtiment sera rasé dans les années 70 pour faire place à l'actuelle école maternelle Aurore.
Je n'ai pas un goût très prononcé pour les études et je n'irai pas au delà du certificat d'études.
Mes petites soeurs en robe tablier dans les années 30 !
Mon copain Jean Duvivier, dont les parents possèdent la boucherie à proximité de chez nous ne sera probablement pas étranger à mon choix de profession.
C'est cette même boucherie que nous achèterons peu après notre mariage, lorsque la famille Duvivier vendra pour aller s'installer à Clary. Ci-dessous une photo de l'époque Duvivier, Jean est le jeune gamin.
Une photo de classe légendée 1934, mais j'ai un doute, nous paraîssons n'avoir pas plus de 7/8 ans.
On retrouve au 1er rang ceux qui deviendront mes copains d'une vie, notamment Albert Taine (au milieu du 1er rang ) et Gérard Fruit (2è en partant de la droite)..si vous connaissez d'autres noms, on les ajoutera.
Je fais ma communion solennelle dans ma 12è année, en 1935.
Nous habitons rue de la République, à côté de chez notre oncle Emilien, le menuisier ébeniste.
Photographie prise le jour de ma communion, dans la cour, à l'angle des maisons, face à la porte de ce qui est actuellement chez Gaby .
A mon côté Noelle puis Gaby.
En bas Jean-Marc entre mes deux cousines Grière. Elles habitent une petie maison également située dans la cour.
Le costume de communiant : une mode fantaisiste a mis en vogue le costume marin au début du siècle, il en reste quelques touches de rappel dans ma tenue de communiant.
C'est ma première occasion de quitter le short pour porter le pantalon !
1935, c'est également la date d'un bouleversement familial, quelques mois après ma communion, décède mon grand-père Emile Fruit, la photo de ma communion ci-dessous sera la dernière sur laquelle il apparaît. Ma grand-mère Aimée, étant malade, nous déménageons dans sa maison de la rue Lazare Carnot, afin que notre mère puisse s'occuper de grand-mère jusqu'à sa mort en 1938.
Mon grand-père et ma grand-mère avec leurs petits-enfants, nous et nos cousins, cousines :
Après le certificat d'études, j'entre en apprentissage à la charcuterie Blondiau de Caudry , j'y resterai deux ans. Ensuite je suis revenu travailler comme commis boucher chez Delattre puis chez Duvivier.
Pendant mon adolescence, s'est créée la chorale des petits chanteurs de Bertry, j'ai un beau brin de voix, j'aime chanter, je chanterai presque jusqu'à mon dernier jour...
Ci dessous, le groupe à ses débuts. Je suis le 4è en partant de la gauche, un peu à l'arrière, je fais partie des plus grands.
Une autre photo du groupe des chanteurs, un peu plus tard, le groupe s'est étoffé, il a doublé, j'ai grandi et forci. Là encore, si vous reconnaissez du monde.. outre Roger Fruit en bas à droite, on ajoutera les noms.
En 1936, toute la famille, sauf moi, assiste à la communion solennelle de Marie Louise Vitaux. J'ai déjà commencé à travailler Je suis entré en apprentissage, j'ai à peine 12 ans.
Mes petites soeurs dans le tenue endimanchée n'ont pas l'air "de s'éclater" comme vous dites les jeunes, d'ailleurs personne n'a vraiment l'air à la fête, pas un sourire !
Tiens tiens, je me demande qui est la personne que regarde mon père, chapeau blanc, renard sur l'épaule... heureusement ma mère est au 3è rang, sa petite taille ne lui permet pas de voir la scène.
En 1939 quand éclate la guerre, j'ai 15 ans. C'est la fin de l'insouciance.
L'hiver 1941 est le 2è hiver le plus froid depuis 1895. Une chute exceptionnelle de neige affecte le nord.
j'ai 17 ans, photo prise devant chez mes parents, rue Lazare Carnot.
Le service militaire a été supprimé par le traité d'armistice de 1940, aussi les classes de 1941 à 1945 n'ont pas été appelées sous les drapeaux.
Cependant le danger rode, le département du Nord est en zone annexée, et les allemands raflent arbitrairement des hommes pour partir travailler en Allemagne, ce, avant l'instauration du Service du Travail Obligatoire.
C'est ainsi qu'un beau matin, je me retrouve "désigné volontaire" pour partir. Nous sommes dans un 1er temps dirigés vers Ambleuteuse. Le Pas de Calais est un des secteurs-clefs du mur de l'Atlantique.
Avec d'autres "désignés volontaires" à la gare avant le départ pour les côtes du Pas de Calais. Auparavant nous avions été réunis devant chez le photographe, Georges Lenglet, c'est là que mon pote Gérard Fruit est venu me dire au revoir, et il s'en est fallu de très peu pour qu'il ne se fasse embarquer avec nous, c'est un soldat allemand qui l'a vivement incité à rentrer chez lui immédiatement.
Un beau matin la rumeur circule, nous allons être tranférés dès le lendemain, pour travailler en Allemagne. Comme je ne suis pas plus doué pour les langues étrangères que pour les travaux de maçonnerie, je prends la décision de m'échapper.
Et je rentre par mes propres moyens. En fait j'ai pris le train, et personne ne m'a rien demandé.
On m'a dit que c'etait crétin, que je risquais gros, j'étais jeune, insouciant, j'ai eu de la chance.
Cependant, pas question de rentrer à la maison, c'est donc caché à la ferme du bois de Gattigny, chez Mr Vos, qui deviendra plus tard mon beau-frère, que je passe la dernière année avant la libération.
Je serai boucher clandestin pour alimenter les groupes de resistants qui passent par là, ma modeste contribution à la petite histoire.
Mes 20 ans : 24 septembre 1944 . Avoir 20 ans en pleine guerre n'est guère réjouissant, même si l'espoir de paix est là : depuis le 2 septembre les américains ont libéré Cambrai ! les alliés sont maintenant en Belgique.
Mais la vie est difficile, les tickets de ravitaillement seront encore présents dans notre vie pendant plusieurs années, tout est rationné ou remplacé par des produits qu'on appelle des "ersatzs" le pain, le sucre, le charbon, le beurre, le café, la viande, les cigarettes etc
Les cigarettes : presque tous les hommes fument, personne ne nous signale à quel point c'est mauvais pour la santé, l'addition se paiera des décennies plus tard.
Pour la viande, pas de problème, je suis dans la partie. Cela me permet en outre d'améliorer l'ordinaire par des échangesCi-dessous : une "leçon de boucherie " vers 1944, probablement dans un lieu d'abattage sur Clary. ci dessous une leçon de boucherie dans un abattoir de Clary :
CLARY.... j'y travaille tous les jours, et j'y vais avec beaucoup de plaisir !
C'est que, j'ai fait, à Bertry, la connaissance d'une jeune fille de Clary, elle venait au cinema avec sa soeur.
Nous nous voyons de plus en plus souvent....
Cette photo de nous deux est de mauvaise qualité mais elle vaut tout l'or du monde : c'est la première !
Photo de 1945, avec ma soeur Noelle et mon ami et collègue Jean Duvivier.
Photo de la fratrie avant mon mariage, je serai le premier à quitter le nid :
De gauche à droite : Jean-Marc, Gaby, Noëlle et moi. Aucun de nous n'est plus parmi vous maintenant.
Ci-dessous : 1946, au Quesnoy, et ...sur fond de mer : chez le photographe ! Bien sûr qu'on n'est pas partis en week-end à la mer, voyons ! cela ne se fait pas avant le mariage !
le 27 septembre 1947 à Clary nous "convolons en justes noces" en clair nous nous marions !
Le temps des copains
les 3 personnes ne sont pas identifiées à ce stade.
24 Septembre 1947, amis et témoins de mariage : Bruno Fantoni, Gérard Fruit, Edgar Mairesse .
Quelques années plus tard, Micheline, dernière enfant du Gérard et Lulu deviendra ma filleule.
Autour de " Maman Lulu"
Au café chez Gérard rue Delory. Marcel Hourdin, Adolphe, Simon Lechef, Gérard Fruit, et Paul ou Gérard Fruit enfant. A l'arrière Edgar Mairesse.
Années 50 toujours, avec Victor Vaubourgeix et Albert Taine
Nous sortons beaucoup, d'autant que nous n'aurons pas d'enfants avant plusieurs années. Les occasions ne manquent pas : l'association du football, de la musique, etc. Ce sont les joyeuses années de l'après-guerre, même si l'on manque encore de beaucoup de choses. Ici un repas dansant au cours d'une sortie de groupe pour un rallye, on y reconnait beaucoup de Bertrésiens
Ci-dessous Avec Raymond et Odette Lienard chez Robert et Germaine Canonne
Les dimanches au bois de Maretz avec la famille Watremez, et Albert et Louisette
Gérard Fruit, Albert Lebas,Adolphe, Mr Morelle, Jean Marc Lenglet, Marcel Morelle
Quelques personnes ont pû être identifiées - merci à ceux qui m'ont aidée- Eugène Gabet, veste blanche à droite, avec un torchon sur l'épaule : "tiot Gris" du café des sports, et son épouse Laurence, juste derrière Henri-Gérard Morelle, Veste blanche à l'arrière gauche Raymond Taisne, devant Mr Gangand....si vous avez d'autres noms à proposer ce sera complété.
Avec Simon et Suzanne Lechef bal du football vers 50/52:
Années 60... "A la pêche" avec Henri Chalumeau...
Mon copain Amélio Castégnaro, footballeur. Je serai le parrain de sa fille Anna Maria.
Albert (dit "Bebert la boulange") et Fernande Lebas.
les Années 70, les barbecues, et les mechouis géants ici avec Léon Watremez :
Voyage en Isère avec Albert et Louisette, pour retrouver nos familles
En déhors des voyages en Bretagne dans la famille, Les vacances d'Août se passaient soit au Crotoy, soit à Stella-plage, la boucherie restait ouverte, j'allais rejoindre ma famille le dimanche.
Vacances au Crotoy, avec Geneviève Liénard
Vacances à Stella, ici avec Ginette Lenglet
Ci-dessous : Avec Marc et Maria Chez Sylvain et Jacqueline à Pornichet, mes neveux Jacky et Sophie.
Baptême de Jean François Guérineau, mon neveu et filleul
Le Temps des enfants
1953 naissance de Dominique
1957 Naissance de Bertrand
Quelques souvenirs de voyages
quelques souvenirs, en vrac, d'une vie
Sieste le dimanche après-midi, lors des sorties pique-nique au bois avec la famille Lienard.
Que de bons souvenirs....
Jusqu'à ce dimanche de l'accident, lorsque Raymond est tombé d'un arbre dans lequel il était grimpé. Hospitalisation de Raymond, grave fracture de la jambe.
Ce fut la fin d'une époque.
Ci-contre avec André et Roger Leibé.
A Bagatelle avec Michel Dupont :
Nouvelle étape qui préfigure le temps des petits-enfants :
1975 Mariage de Dominique et Joel
puis c'est le mariage en 1981 de Bertrand et Bernadette
Le temps des petits-enfants :
Naissance du 1er petit-fils : Cedric 1978
Les premières vacances en Isère, avec Papy et Mamie...
et apprentissage de la marche.
Cedric veut un temps faire comme papy
Suivront Aude en 1980 et Amélie en 1984.
Puis Grégory en 1986
Les années passent
et avec elles arrivent mes premiers soucis de santé assez sérieux...
La machine s'use. Cela passe par la pose de prothèses des deux hanches au début des années 80.
Comme toute ma génération, j'ai beaucoup fumé dans ma jeunesse mes artères ont perdu de leur souplesse, C'est la raison pour laquelle je suis déclaré inapte au travail dès 1983, mis en invalidité.
Mais cela ne sera pas suffisant pour éviter l'infarctus un peu plus tard, en 1987.
Ce sera donc la retraite prématurée. Bertrand qui a fait des études de cuisine décide de reprendre la boucherie, nous déménageons et partons habiter rue de la République. Je continue malgré tout à me rendre à la boucherie pour servir, et distribuer des rondelles de saucisson aux enfants, pendant plusieurs années, lorsque ma santé le permet.
En 1998 on me diagnostique un important anévrisme à la crosse aortique, je passerai toute la période de la coupe du monde de football à l'Hopital Cardiologique de Lille, verdict, inopérable, il va falloir vivre avec.
Les petits-enfants grandissent
50 ans de mariage
La fête anniversaire des noces d'or se fera un juillet 1997.
C'est Albert Taine, l'ami de toujours qui officiera pour le renouvellement des promesses.
avec André Bricout, Lucien Cardon, Adolphe Lenglet , Georgette Sartiaux, Lucien Davein, Marcel Hourdin, Léon Bauduin, René Morelle, Mr Comien, Robert Canonne, il en reste 7 à identifier.
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Date de dernière mise à jour : Mar 24 sept 2024
Commentaires
-
- 1. OLIVIER Le Dim 14 fév 2021
Bjr très content d être tombé sur ce site. J ai reconnu mon oncle Gérard Fruit ma tante Lucienne Simon Le chef entre autres. Stéphane OLIVIER -
- 2. lionel basin Le Jeu 05 nov 2020
super à lire à contempler à décrire , suis ravit
repas de classe il y avait Bernard ROY me semble t il
lio -
- 3. Christian Lamarre Le Sam 02 mai 2020
Très bon souvenir de mon oncle Adolphe,auquel j'ajouterais le coup de sabot d'une génisse dans le couloir de la boucherie que j'ai reçu sur le front(sans séquelles, enfin je pense) ,joli commémoratif-
- Dominique LENGLETLe Dim 03 mai 2020
Merci Christian pour l'ajout de cette anecdote. gros bisous
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- 4. Moreau Dominique Le Sam 02 mai 2020
Rétrospective magnifique. Le beau récit d'un homme que j'ai connu sur le tard et avec qui j'ai passé de très bon moments à travailler avec lui à la Boucherie dans les années 1993 à 1996 chez Bertrand . Jean Marc son frère ou j'ai logé dans sa maison rue lazare Carnot jusqu'en 1997 avant de partir à mon compte à Estaires. Quel beau souvenirs que j'ai de lui. Tres bel hommage Dominique...Merci pour se bon moment.-
- Dominique LENGLETLe Sam 02 mai 2020
Merci Dom. Cela fait chaud au coeur
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