Cetait au temps ...

Baptiste Milot (1833-1913)

Jean Baptiste, Vétéran de Crimée

Jean baptisste millot medaille victoria pour blog 1

27 mars 1854, début de la guerre de Crimée.

La France, aux côtés du Royaume uni, et leurs alliés turcs se coalisent pour combattre les ambitions expansionnistes du Tsar Nicolas 1er. Depuis le début du siècle et la victoire sur Napoléon, l’Empire russe ne cesse d’accroître sa puissance en Sibérie et en Asie centrale, mais le tsar lorgne aussi vers les pays slaves d’Europe.

C’est l’occasion idéale de vous présenter ma photo du mois. Elle m’a été confiée par un généalogiste, André Saison qui m’a contactée via Généanet, dans le cadre de recherches sur sa famille. Pour ceux qui me suivent, j’ai déjà consacré un article sur cette branche : Baptiste Milot est l’époux de Sydonie Montaye. Jeune marié à midi, heureux papa à quatorze heures !

Baptiste est un vétéran de la guerre de Crimée, au cours de laquelle il aura les oreilles gelées. Cela signifie qu’il n’a pas eu de chance au tirage au sort, et que sa famille n’avait pas les moyens de s’offrir un remplaçant. Pour mémoire en 1854, la durée du service militaire est de sept ans.

Le conflit

Ce conflit de deux ans représente un épisode plus ou moins oublié de notre histoire contemporaine. Il préfigure pourtant ce que sera la guerre « moderne »  de 14/18 et des suivantes, avec ses tranchées, ses offensives ciblées, l’usage des armes automatiques et surtout, ce sera la première guerre couverte par des reporters photographes.

Notons également que c’est la première fois depuis plus de 600 ans que Français et Anglais combattent dans le même camp !

Carte guerre crimee

Sébastopol

La guerre de Crimée se déroule dans une portion des terres russes, dans une région qu'on appelle une « marche » une oukraïna, à l’origine du mot Ukraine, dont la ville principale est Sébastopol, port d’attache de la marine impériale russe dont le siège dura onze mois, d’octobre 54 à septembre 55. Consolation, si l’on peut dire, par rapport aux guerres napoléoniennes, les troupes ne voyagent plus à pied. Elles ont débarqué à Varna en Bulgarie après avoir emprunté le détroit des Dardanelles.

Un rapport médical du service de santé aux armées, paru en 1865, révèle que lors du conflit plus de 95000 soldats français sont morts, dont environ 75000 de maladies ! Essentiellement choléra et typhus.

Troupes a varna

Comme vous pouvez le constater, la médaille commémorative portée par Baptiste, accrochée au cadre, est d’origine britannique.

En effet La médaille de Crimée décernée aux officiers, sous-officiers, soldats et marins de tous grades ayant participé à la guerre du 14 septembre 1854 au 8 septembre 1855 a été créée à l’initiative de la reine Victoria qui avait fait connaître son intention dès le 2 décembre 1854. Elle est instituée le 29 janvier 1856. Le nom du récipiendaire était gravé sur la tranche, souvent avec indications du grade et unité d'appartenance.

La France ne possédait pas à cette date de médaille commémorative de la campagne. Aussi, la médaille de Crimée britannique, fut-elle reconnue par le gouvernement français par décret du 26 avril 1856. Elle a été attribuée à tous les militaires français ayant participé à cette campagne, et son port autorisé.

Siege Sebastopol

L’homme Jean Baptiste Milot

Il naît à Maurois, en 1833, bien après que son père Pierre originaire de Bertry aura épousé une maurausienne, Catherine Wilmant en 1815. En fait, il est le dernier d’une fratrie qui compte deux filles et cinq garçons. Trois des enfants mourront en bas âge. Jean Baptiste et son frère verront leur patronyme transformé en Milot alors que les autres membres de la famille conserveront la graphie originale de Millot.

Le père, Pierre est gazier. N’allez surtout pas croire qu’il travaille à la compagnie du gaz. Le gazier est l’artisan qui tisse l’étoffe légère appelée la gaze.

Baptiste, puisque c’est son nom d’usage, travaille aussi dans l’industrie textile. Il est âgé de 27 ans quand il épouse Sydonie Montaye, en 1861, après sa longue période militaire. Le couple a trois enfants, Sydonie, Ernest et Joséphine lorsque la maman meurt peu après la naissance du troisième.

Veuf pendant dix-huit mois, il se remarie avec Sophie Chandelier, originaire de Viesly. Le nouveau couple aura trois filles, Zoé, Sophie et Flore. Sa seconde épouse mourra en 1890.

Baptiste finira sa vie auprès de sa fille Zoé, la seule à n’être pas encore mariée. Il s’éteint paisiblement au début de l’année 1913, dans sa 80è année. Il n’aura pas ainsi à connaître les affres occasionnées à sa famille par la Grande Guerre.

Arbre Millot Pierre (1794-1859)

Sydonie. 

L'aînée, elle épousera Jean Baptiste Ruffin, de Solesmes. Ils auront trois enfants, dont Léoncie née en 1891, qui mourra, victime civile d’un bombardement pendant l’exode de 1940.

Ernest.

Son cadet épousera Marie Pélagie Hutin née à Mitry Mory, mais originaire de Bertry.

Le couple aura quatre enfants, dont Ernestine qui se mariera avec Emile Lienard.

La photo ci-contre nous montre Ernest, son épouse Pélagie Hutin assise, leurs deux filles : Ernestine à Droite et Marie à gauche.

Famille milot hutin

Joséphine.

Elle mourra à l’âge de deux ans, peu après le remariage de son père.

Zoé.

Se mariera le 21 juillet 1914 avec Juste Watremez. Hélas, moins d’un mois plus tard, il sera appelé à la guerre. Il mourra en 1915. Une page lui sera consacrée ultérieurement.

Sophie

Elle épousera Arthur Polin de Troisvilles. Elle mourra peu après la naissance de leur fils Paul. Le petit orphelin sera élevé par sa sœur Flore, née avant le mariage de ses parents

Flore

La benjamine épousera Auguste Dessaint en 1900. Cinq des sept enfants du couple parviendront à l’âge adulte. Auguste sera tué tout au début de la guerre en 1914. Sa veuve mourra de chagrin l’année suivante. André Saison, qui m’a aimablement confié les photos, est un petit-fils du couple. Je l'en remercie vivement.

Pour clôturer cet article, je préciserai juste que j’ai, à ce stade de mon arbre, une dizaine d’ancêtres communs avec Baptiste Milot, tous au XVIIIe siècle. Vous pouvez retrouver son arbre généalogique ICI.

Famille Milot Polin

Photo prise peu avant 1913, rue de Bertry à Maurois. Au centre Paul Polin né en 1903.  A sa droite sa sœur Flore nee en 1894.

Ils sont les enfants d'Arthur Polin à gauche en bas. Zoé en haut à gauche et Flore à droite entourent leur père Baptiste Milot.

Date de dernière mise à jour : Sam 08 mars 2025

  • 4 votes. Moyenne 5 sur 5.

Ce site comprend de nombreuses photos.

Pour une meilleures visibilité n'hésitez pas

à cliquer sur chacune d'elles afin de l'agrandir.