Narcisse Louvet et Angèle Taisne
Le lundi 23 mai 1904, Narcisse Louvet et Angèle Taisne s'unissent devant la mairie de Montigny-en-Cambrésis. Ce mariage marque un tournant dans la vie de Narcisse, désormais employé de brasserie à Bertry, mais il est aussi chargé d'une certaine mélancolie. Angèle, bien que jeune, porte en elle le poids des drames qui ont marqué son enfance.
Elle est la fille de Louis Jérémie Taisne, cabaretier et agriculteur, et d'Adèle Ferot, tisseuse devenue épicière.
Le couple Taisne-Férot incarne la modestie et la ténacité de ces foyers du Cambrésis à la fin du XIXe siècle, revêtant pour survivre de multiples casquettes. La fermette, le métier à tisser, le café-épicerie de village ; en ces périodes où la terre produit peu et où le tissage se voit concurrencé par l’industrie, tout revenu complémentaire est le bienvenu.
Leur histoire est surtout marquée par une succession de pertes cruelles, révélant les difficultés de l'époque, une fécondité non maîtrisée, voire encouragée et en même temps une forte mortalité néonatale. Adèle mettra au monde sept enfants en onze ans. Parmi eux, trois ne survivront pas à leur prime jeunesse.
La mère de famille n’a que 31 ans lorsque la tragédie s’abat sur le foyer. En avril 1891, elle donne naissance à son dernier fils, Ernest. C’est la grossesse de trop qui a épuisé l’organisme déjà affaibli de la jeune femme. Elle a contracté la tuberculose, fléau non encore maîtrisé à l’époque. On en est tout juste à reconnaître le caractère contagieux de la pathologie.
La fièvre, l’amaigrissement et la fatigue auront raison de sa survie et de celle du nourrisson. Quelques jours après l'accouchement, mère et enfant succombent, à seulement quelques heures d'intervalle. Ce double décès plonge la famille dans une douleur indicible et laisse Louis Jérémie veuf avec quatre jeunes enfants à charge, dont Angèle, sept ans.
Un an plus tard, Louis, épouse en secondes noces Zoé Briastre, célibataire, âgée de 37 ans, habitant à Montay. Comment le couple s’est-il connu ? Cela reste un mystère, peut-être lors d’une foire de Saint Matthieu au Cateau.
Neuf ans après leur mariage, cette union devient féconde. Zoé, qui a élevé avec amour les enfants du premier lit, connaît à son tour les joies de la maternité. En 1901 naît cet enfant de la dernière chance, Marcel (1901-1993) le grand-père de Jean Claude Taisne.
La photo de son baptême ci-dessous nous permet de découvrir quelle magnifique jeune fille est devenue Angèle. On comprend aisément que Narcisse soit tombé sous son charme et lui ait fait une cour assidue dès son retour du service militaire.
Angèle est la première de la fratrie à se marier, l’année suivant son frère Louis épouse Irma Ruol, puis ce sera au tour d’Alfred de convoler avec Isabelle Tinturier en 1906.
Narcisse et Angèle connaissent l’immense bonheur d’accueillir, en 1905, le fruit de leur union, une petite fille qu’ils prénomment Angèle Adèle. Bien qu’habitant Bertry, ils restent en étroite relation avec leur famille à Montigny.
Le bonheur semble alors leur être accordé, mais l’ombre de la mort étend bientôt son voile sur cette famille.
Tuberculose. Le mot tabou est à nouveau prononcé. Au tournant du siècle, la France est l’un des pays les plus exposés d’Europe. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait s’attaquer au mur de silence qui entoure cette maladie tenue pour honteuse à bien des égards et se lancer dans une grande campagne de prévention.
La première victime à succomber est le jeune frère d’Angèle, Léon alors âgé de 17 ans. Il s’éteint à Montigny début juillet 1907. A peine trois semaines après le drame, c’est Angèle la jeune épouse de Narcisse qui s’éteint à Bertry à seulement 23 ans.
L’hécatombe ne s’arrêtera pas là. En 1910, Alfred meurt à vingt-huit ans. Aucun des deux enfants nés de sa courte union n’a survécu. Alfred sera rejoint deux ans plus tard par son frère Louis, trente et un ans.
Nous laissons ici Narcisse, jeune veuf de 27 ans, pour faire un bond dans le temps.
Sa fille Angèle Louvet grandira dans sa famille recomposée puis épousera à Lille en 1928, Edmond Herbin, employé de chemin de fer originaire de Caudry.
Le couple aura trois enfants : deux garçons, Edmond (1932-1991) et Jean (1936-2006) ainsi qu'une fille.
À ce stade de mes recherches, je ne suis pas parvenue à connaître ni le prénom de la fillette, ni quel fut son destin.
Nous nous retrouverons prochainement pour la troisième partie de la vie de Narcisse Louvet : son union avec Mathilde Lenglet.
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Date de dernière mise à jour : Jeu 13 fév 2025
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