Fernand Olivier (1889-1914)
Une jeunesse pleine de promesses
Il s’appelait Fernand OLIVIER, c’était un beau jeune homme de 25 ans qui devait faire tourner les têtes et chavirer le cœur des filles. Avait-il une amoureuse, une promise ? Personne n’est plus là pour nous en parler.
Il connut le triste sort d’être le 1er mort de notre village, Bertry, lors de la Grande Guerre.
Bien que né à Busigny, un village proche, c’était un bertrésien pure souche, fils de Jean Baptiste et Sophie Seignez. D’ailleurs, ses deux sœurs étaient nées à Bertry, aussi bien l’aînée Léonie, en 1885, que la benjamine Angèle en 1897. La famille avait donc habité la commune voisine autour de l’année 1889.
Il avait fréquenté l’école et acquis un certain degré d’instruction. Cela lui avait permis de s’extraire de sa condition d’ouvrier tisserand. En 1906, lors du recensement de la population, il déclarait exerçer le métier de tisseur dans l’entreprise Georges Delvalle, fabricant de tissus. Quatre ans plus tard, sa fiche matricule indiquait qu’il était employé de bureau. Je n’ai pas de certitude que c’était dans la même entreprise, mais il existe une bonne probabilité qu’il ait bénéficié d’une promotion.
En octobre 1910, il fut incorporé au 1er Régiment d’Infanterie en garnison à Cambrai, rapidement le 2e classe Olivier, travailla à devenir caporal et suivit la formation appropriée. Il reçut ses galons en décembre 1911, puis fut libéré en septembre 1912, le service militaire durait alors 24 mois.
La guerre
2 août 1914, l'Allemagne lance un ultimatum à la Belgique, elle demande le libre passage pour ses troupes. La Belgique refuse et le 4, les armées allemandes pénètrent sur le territoire belge. Le petit pays, conscient que son armée ne fera pas le poids face à cet ennemi, appelle à l'aide la France, la Grande-Bretagne, ses voisines garantes de la neutralité belge.
Le gouvernement déclenche la mobilisation générale. Tous les hommes valides, de 20 à 48 ans, sont rappelés sous les drapeaux. Ils étaient, paysans, tisseurs, boulangers, instituteurs ; les voilà devenus artilleurs, fantassins, brancardiers... poilus.
Adieu la paix, l’insouciance de l’été et la beauté des champs de blé parsemés de bleuets et coquelicots.
La bataille des frontières.
Le 1er RI quitte Cambrai le 5 août. Hommes, chevaux et mulets prennent le train, enfin trois trains, direction Rumigny, entre Hirson et Charleville, dans les Ardennes où tout le monde débarque. De là les bataillons sont répartis et cantonnent dans diverses localités alentour.
Pendant une semaine, alterneront dans les Ardennes, une série d’escarmouches contre l’ennemi et de longues marches rendues pénibles par la désorganisation des transports et la fatigue générale des hommes.
Dès le 12 août, les troupes françaises passent la frontière à Rocroi, par le pont de Revin, et s'installent à Brûly. Le premier choc se produira trois jours plus tard, le 15 août à Dinant. Les Français devront reculer, pilonnés par l’artillerie allemande, mais à la faveur d’une contre-attaque victorieuse, nos hommes reprendront possession de la citadelle. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’ennemi se réorganise et revienne à la charge.
Ce sera pour le samedi 22 août 1914. Sept armées allemandes vont s’opposer aux armées belges, françaises et britanniques, sur un front allant de Mons à la Lorraine, dans une incroyable boucherie qui fera de cette date, le jour le plus sanglant de l’histoire de France, toutes guerres confondues.
27 000 de nos soldats perdront la vie dans la nuit du 22 au 23. Nos bataillons se replient.
Plusieurs unités du 1e RI ont alors pour mission de retarder l’avancée de la cavalerie allemande afin de protéger la retraite du régiment, ils prennent position aux entrées des villages de Romedenne puis de Surice. À l’arrivée du 104e régiment prussien, un court combat s’engage, faisant des morts de part et d’autre. À la faveur de l’obscurité, les Français se replient vers le Sud, laissant les uhlans maîtres de la place.
Parmi les victimes, Fernand OLIVIER et trente-deux autres Français sont tués au combat.
La suite, le massacre
Lorsque je découvris que Fernand OLIVIER était le premier mort de notre village, je m’étais imaginée, comme on le voit dans les films, que la famille eût également été la première à recevoir la visite du maire ou la gendarmerie, chargés d’annoncer la triste nouvelle. Mais rien ne se déroula ainsi.
Dans la nuit qui suivit ce combat, l’occupant mit le feu à quelques maisons et plusieurs résidents furent assassinés dans les rues. Dès 6 h du matin, le 25 août, d’autres bataillons allemands, arrivés sur place, investirent le village, pillant et incendiant les habitations. Un groupe de civils, fort d’une soixantaine de personnes, fut conduit à la sortie du bourg, sur un champ en jachère, au lieu-dit « Les Fosses ». C’étaient des hommes âgés, non mobilisés, des adolescents, et quatre prêtres. Tous furent fusillés sous les yeux des femmes et des enfants contraints de regarder. Il s’agissait de répandre et propager la terreur. Ils y parvinrent. La nouvelle des horreurs commises par « les Boches » les précédait et calmait les ardeurs d’éventuels francs-tireurs.
N'ayant pas pu être inhumés par leurs frères d’armes, les 33 soldats français, furent, enterrés sommairement dans une fosse commune.
Il en fut de même pour les 60 victimes civiles, de cette terrible journée.
En raison de ces tragiques événements successifs, il n’y eut pas, dans l’immédiat, de rapport précis sur les soldats tués à l’ennemi à Surice.
Quelques mois après le départ des envahisseurs les survivants du massacre donnèrent une sépulture descente à leurs martyrs.
Après la guerre, les corps des soldats, pris en charge par l’état français, furent rapatriés dans leurs familles ou bien regroupés dans des cimetières militaires. Fernand repose maintenant dans la nécropole de Dinant.
Sa fiche matricule ne fut mise à jour qu’en 1916.
Un jugement du tribunal de Cambrai le 18 juin 1920, entérina sa date de décès au 24 août 1914, et lui attribua la mention Mort pour la France.
Il reçut à titre posthume la croix de guerre avec étoile de bronze.
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Date de dernière mise à jour : Jeu 22 août 2024
Commentaires
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- 1. Catherine Livet Le Jeu 22 août 2024
J'aime beaucoup le ton de ce récit. Ces jeunes hommes méritent d'être mis en mots et en image afin de ne pas oublier leur destin. -
- 2. Basquin hubert Le Jeu 22 août 2024
Félicitations continuez. Merci
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