André Delhaye, Liège 1809
Caressée par les rayons du soleil printanier sur mes épaules, je rêvasse plus que je ne réfléchis à ce que pourrait être mon rendez-vous mensuel surprise avec un personnage de mon arbre. Au loin me parviennent des bribes d'un débat à la radio sur l'opportunité de célébrer le bicentenaire de la mort del'Empereur Napoléon 1er, et je plonge dans la 4è dimension.
Je ressurgis à la campagne debout face à une magnifique bâtisse qui me paraît être un édifice religieux.
Le temps est froid et humide, nous sommes à la fin de l'hiver, mais où suis-je donc ? J'interroge la première personne que je croise et j'obtiens une réponse en termes abscons. "Vous êtes dans le département de l'Ourthe." Voilà qui ne va pas m'aider beaucoup. Remarquant mon embarras, l'homme m'apporte les précisions que j'attendais :
Je suis à Liège dans l'un des neuf "départements réunis" français créés en 1795, après la victoire de Fleurus.
Devant moi l'hôpital militaire installé dans l'Abbaye Saint Laurent depuis 1793. A l'arrivée de l'armée républicaine, les bénédictins n'ont eu d'autre choix que d'ouvrir leurs portes aux soldats, épuisés et affamés atteints de multiples pathologies. Les blessés, malades, galeux, vénériens se côtoient dans des conditions d'hygiène catastrophiques, d'incompétence et de malpropreté.
Mon interlocuteur, un conscrit, décidément pas avare de confidences continue : il me décrit les troupes mal vêtues, mal nourries, sales, épuisées, misérablement soignées en cas de blessure ou de maladie. "Voyez comme je suis mal fagoté, si je rentrais au pays ainsi, on me prendrait pour un mendiant". L'homme me raconte les marches interminables qui fatiguent et blessent plus que les combats, la peur face à l'ennemi, l'incertitude de l'avenir et le mal du pays. Mais on ne se plaint pas pour autant: on doit, ajoute-t-il, accepter son sort quand on est un soldat.
Je me dis que nous sommes bien loin de l'épopée des grognards de la Grande Armée, mais je préfère garder ma réflexion, et mettre à profit sa pause verbale pour glisser une question :
Est ce qu'il connaîtrait par hasard un "pays" à moi, un dénommé André DELHAYE , Chasseur au 12è Régiment, 8è Compagnie ?
La réponse fuse immédiatement, oui il l'a bien connu, c'était un "vieux conscrit", mais j'arrive trop tard, il s'en est fallu de si peu, Il est mort hier, 19 mars. Il avait été admis à l'hôpital militaire de Liège, sa ville de garnison, un mois plus tôt le 12 février. Comme beaucoup de ses camarades il avait commencé à gonfler du ventre, les médecins avaient diagnostiqué l'hydropisie fatale.
Cette fois j'ai raté de peu mon rendez-vous avec un personnage de mon arbre généalogique. Nous n'étions pas proches parents, mais nous avions 18 ancêtres communs :
André Auguste Joseph DELHAYE, célibataire, fils de Pierre et Anne PRUVOT, né à Bertry (Nord) le mardi 29 novembre 1774. Mort au service de la France le 29 mars 1809.
De ce voyage dans le temps je rapporte l'extrait mortuaire délivré par les autorités administratives.
Par ses frères et sœurs André Delhaye est apparenté aux familles suivantes :
BASQUIN - GAVE - HERBET - TAINE.
Vous pouvez retrouver sa généalogie ici : Geneanet
Date de dernière mise à jour : Jeu 06 mai 2021
Commentaires
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- 1. LENGLET François Le Mar 23 mars 2021
Nous voici de nouveau cousins : une de mes grands mères s'appelait Marie Catherine Delhaye
voir: https://gw.geneanet.org/fmlenglet46_w?n=delhaye&oc=0&p=marie+catherine&type=tree
Bravo pour tout ce travail sur nos ancêtres François -
- 2. Catherine Livet Le Dim 21 mars 2021
Ah la maladie ! L'autre ennemi du soldat !
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