Nos voisins, la famille Locqueneux- Bricout
- Le Ven 10 jan 2025
- Dans La photo du mois
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Pour cette photo du mois, je vais, exceptionnellement, vous faire part d’un souvenir d’enfance.
En 1958, j’avais tout juste cinq ans. Mon monde tournait autour de mes poupées, ma dînette et mon petit frère né un an plus tôt.
C’est l’année où notre voisin, Edouard Locqueneux est décédé. Il était garagiste et n’avait que quarante-huit ans — un âge que je pensais fort avancé, comme seuls les enfants peuvent l’imaginer. À mes yeux, il incarnait un homme déjà très vieux, toujours vêtu de sa salopette maculée d’huile et les mains marquées par le travail de la mécanique.
Sa mort avait marqué le quartier, Georgina Bricout, sa veuve avait déménagé dans une autre rue du village, nous amenant de nouveaux voisins, la famille Asselin. L’ancien garage devenait quincaillerie. Je n’avais nulle conscience de ces évènements.
Georgina
Georgina accusait une quinzaine d’années de plus que mes parents, ce qui la rendait encore plus « vieille » à mes yeux. Une grand-mère ! Après la disparition de son mari, elle s’habillait de la tête aux pieds en noir : une robe austère, longue jusqu’aux chevilles, un châle ou un gilet de même couleur. Lorsqu’elle marchait, son pas lent et sa silhouette voûtée semblaient porter le poids de son deuil. C’est du moins l’impression qui m’est restée à travers les décennies. Il est probable que son aspect, et son regard triste m’avaient touchée sans que je comprenne vraiment pourquoi.
Chaque année, au Nouvel An, mes parents et moi respections une tradition bien ancrée dans le Nord : nous allions présenter nos vœux à Georgina. Elle n’était pas la seule, mes parents comptaient une grande famille et beaucoup d’amis. Les échanges de vœux duraient plusieurs semaines, de visites en réceptions, mais la visite à Georgina m’avait marquée parce qu’elle était empreinte d’une certaine déférence.
Je me souviens d’une maison silencieuse où tout semblait figé dans le temps. Georgina nous accueillait toujours avec le sourire, en général un dimanche après-midi, elle servait du café , après quoi elle présentait des « étrennes » faites maison, ces gaufrettes confectionnées pour la nouvelle année, rangées dans une grande boîte en fer blanc.
Soixante ans plus tard, ce sont justement ces gaufrettes, dont je perpétue la tradition, qui m’ont amenée à rédiger cet article. Je n’ai pas de photo d’Edouard ni de Georgina, mais j’ai celle de la pompe à essence !
J’ajouterai quelques mots sur leur fils unique : Robert, un brillant étudiant promis à un avenir radieux. Il deviendra un éminent scientifique, Docteur en Sciences physiques, professeur émérite à l’Université de Lille 1. Lorsque nos familles étaient mitoyennes, mes parents voyaient la lucarne de la chambre éclairée tard dans la nuit. Plus tard, ils m’incitèrent à suivre cet exemple d’assiduité au travail. Je crains fort qu’ils n’aient mis la barre un peu haut.
Conclusion
Les souvenirs d’enfance ont ce pouvoir étrange de nous transporter instantanément dans un autre temps, un autre lieu. Mais ces images que nous chérissons ne sont peut-être pas toujours aussi fidèles à la réalité qu’on pourrait le penser. Ce que nous appelons "souvenirs" est souvent une version filtrée, modifiée et teintée par nos émotions, nos perceptions et notre vision d’adulte.
Si tel est le cas, ceux qui les ont bien connus, veuillez me pardonner.
Quelques repères généalogiques
Je n'ai pas creusé la généalogie Locqueneux, celui ci-provient d'Audencourt, près de Caudry.
Je me suis penchée sur celle de Georgina BRICOUT, lorsque j'ai remarqué que sa mère portait le patronyme de LENGLET. Et, reflexe de généalogiste, j'ai cherché une parenté possible avec moi, disons avec mon grand-père pour rester dans la même génération.
Selon la manière dont vous percevez votre arbre généalogique, notre ancêtre commun, Adien LENGLET (Troisvilles~1610-1665) , à la douzième génération, se situe très bas, dans les racines, ou à l'inverse, dans la canopée.
Georgina n'a pas fini ses jours à Bertry, elle s'est rapprochée de son fils en région lilloise et est décédée dans un etablissement pour personnes âgées en Belgique, je n'ai donc pas la date exacte. Elle a été inhumée dans le caveau familial de Bertry en 1997.
Pour terminer de vous situer cette famille dans le paysage bertrésien, je vous précise que Georgina Bricout épouse Locqueneux, était la sœur de Ginette Bricout, épouse de notre cousin Bernard Lenglet, dit "le coqueleux".
Je remercie Jean-Claude Asselin pour sa contribution,au moyen de la photo prise devant chez lui. A cette époque l'antique pompe Antar a été remplacée par un nouvel appareil qui restera en place jusqu'en 1970/1971, date à laquelle la quincaillerie Asselin fermera ses portes, après le décès d'Henri Asselin en 1969.
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