Klébert Eloi et Marie Thérèse Bréas (1928)
- Le Ven 31 jan 2025
- Dans La photo du mois
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Dans le cadre de l'exercice d'écriture La photo du mois , je vous présente la photo de mariage de Kléber et Marie-Thérèse Eloi. Derrière ces visages figés par la solennité de l'instant, qui sont-ils ? Quels chemins les ont menés à ce jour si particulier ? Plongeons ensemble dans l'histoire de ces deux jeunes époux, unis en 1928.
Elle
Marie-Thérèse Bréas voit le jour un vendredi d’été, le 17 août 1906, au Cateau-Cambrésis, au cœur d’un Nord en pleine effervescence. Sa famille maternelle, issue de Bertry, a longtemps tissé à domicile, dans ces modestes ateliers où le métier à bras rythmait les journées. Mais à la fin du XIXe siècle, l’artisanat a cédé la place à la révolution industrielle, et à la montée en puissance de géants comme l’empire Seydoux. Au Cateau, d’immenses usines ont surgi, des cathédrales de brique et de verre où les métiers mécaniques, plus rapides, plus imposants, engloutissent des générations d’ouvriers. Comme tant d’autres, les Fruit ont suivi le mouvement, et se sont installés à la ville.
Si l’industrie textile façonne le destin des uns, d’autres accompagnent le bouleversement des communications. Le père de Marie-Thérèse, Édouard Bréas, est facteur. Dans ces premières années du XXe siècle, la poste n’est plus celle des siècles passés : elle s’accélère, se modernise. Fini le temps où le facteur parcourait les routes à pied, son sac de cuir pesant sur l’épaule. Désormais, il enfourche un vélocipède, cet engin est devenu son allié indispensable.
L’enfance de Marie-Thérèse, grande sœur raisonnable à peine plus âgée que ses deux frères Marcel et André, se déroule dans la petite ville. Entourés de l’affection de leur mère, Marie-Louise Fruit, les jeunes n’ont pas conscience du danger qui se profile à l’horizon. Leur insouciance prendra fin le 26 août 1914. Le Cambrésis entre alors de plain-pied dans la Première Guerre mondiale par la bataille du Cateau, la première livrée sur le sol français. La famille sera touchée dans son cœur, par la mort de Jules Fruit, oncle maternel de Marie-Thérèse, dans les combats de la somme en 1916. Mais les enfants oublient vite, la fillette a tout juste douze ans lorsque s’achève le conflit.
Lui
Kléber Eloi voit le jour le jeudi 23 mars 1905 à Saint-Quentin, cité industrielle de l’Aisne, où le textile règne en maître depuis le XVIIIe siècle, favorisée par sa situation géographique, reliant Paris aux capitales d’Europe du Nord et l’arrivée du chemin de fer.
Ses parents, Désiré Eloi et d’Adélaïde Boudoux, tous deux tisseurs, comme tant d’autres avant eux, ont-ils décidé de tenter leur chance à la ville ? Originaire de Neuvilly, un village du Cambrésis où les métiers à bras subsistent encore, la famille Eloi a-t-elle cédé à l’appel des grandes manufactures de Saint-Quentin ? Toujours est-il que le couple est domicilié rue De Pardieu à la naissance de Kleber. Cependant, ils n’y resteront pas très longtemps, cinq ans plus tard, lorsque naît sa petite sœur Renelle, la famille est de retour à Neuvilly.
Klébert grandit et s’affirme. Ce qu’il aime, ce n’est pas le textile, mais un métier où la main façonne la matière, où le bois remplace le fil. Il sera menuisier. Ses parents lui trouvent une place d’apprenti dans une entreprise artisanale du Cateau. C'est là, entre l’odeur des copeaux et la rigueur du geste, qu'il se perfectionne dans son art.
C’est aussi là qu’il rencontre celle qui va bouleverser sa vie.
Marie-Thérèse, fille d’un facteur et petite-fille de tisseurs, fait partie de ce monde qu’il connaît bien. Entre eux, le lien se noue, discret d’abord, puis solide, le couple se projette dans un avenir commun dès qu’il aura satisfait à ses obligations militaires.
Lorsque viendra l’heure du mariage en 1928, ce n’est ni au Cateau, où leurs chemins se sont croisés, ni à Neuvilly, chez les « Louches-à-pot », qu’ils s’établiront, mais à Bertry. Le bourg qui compte alors un peu plus de 3000 habitants représente le bon choix qui veut s’installer à son compte comme artisan menuisier.
Un foyer entre joies et épreuves
Le samedi 11 février 1928, au Cateau-Cambrésis, sous un ciel d’hiver, Kléber et Marie-Thérèse échangent leurs consentements et promesses devant Dieu et les hommes.
Le 16 novembre 1929, la naissance de Ginette illumine leur foyer. Puis, le 27 mai 1933, un fils vient compléter la famille : Claude.
Rapidement arrive la Seconde Guerre mondiale, et à nouveau l’occupation du Cambrésis, un peu plus de 20 ans après la première, encore si présente dans les mémoires.
La vie continue avec ses promesses et ses tragédies. Klébert tombe malade, il souffre d’un problème rénal qui va lui être fatal. Il meurt en 1943. Marie-Thérèse, jeune veuve avec deux enfants à charge créera la droguerie « Chez Madame Eloi », que nous avons connue dans notre jeunesse, à côté de chez Célestin, le marchand de vélos.
En 1948, Marie-Thérèse devra, seule, supporter un nouveau deuil tragique, leur fils Claude s’éteint à l’âge de 15 ans, emporté par une tumeur cancéreuse à l’œil.
L’actualité heureuse se présentera un peu plus tard. Ginette, leur fille de vingt et un ans épousera, en 1951, Albert Taisne un agriculteur de Montigny en Cambrésis. Marie-Thérèse aura le bonheur de connaître ses trois petits-enfants, Jean-Claude, Marie-Claude et Chantal. Elle quitte ce monde en 1984.
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