Georges Hiboux (1887-1944)
- Le Ven 09 août 2024
- Dans La photo du mois
- 10 commentaires
Dans le cadre de la photo du mois d’août 2024, j’ai le plaisir de partager avec vous deux photos de Georges Hiboux. L’une individuelle, l’autre familiale.
Ce qui m’a frappée au premier coup d’œil, c’est son regard, sur le portrait. La filiation avec ses descendants de la famille Fruit saute aux yeux des bertrésiens.
L'homme
Georges Chrysostome naît à Bertry en 1887, de Basile et Angélique Jouniaux, une famille de tisseurs. Il aura un frère et deux sœurs.
Comme beaucoup d’artisans de la fin du XIXe siècle, il abandonne le tissage pour la broderie mécanique, il sera donc brodeur, et "piqueur de cartons".Le piqueur reproduit sur un carton, à l’aide d’un marteau et d’un emporte-pièce, un dessin choisi. De ce travail minutieux et fastidieux, la mise en carte, dépendent la réussite et le bon rendement du motif brodé.
À vingt ans, il passe devant le conseil de révision. Déclaré "bon pour le service" il sera incorporé pour deux ans entre octobre 1908 et 1910, au 156e RI de Mézières.
Enfin libéré de ses obligations militaires, il épouse en 1912 Adèle Dozière, fille de Théophile et Catherine Lechef. Il a 25 ans, elle en a 21. Leur fils Georges naîtra un an plus tard.
Puis survient la Grande Guerre. Le jeune père de famille doit abandonner femme et enfant pour aller défendre la patrie. Il rejoint le 91e RI, direction le Grand Est.
Le soldat
Lors d’un premier et rude affrontement avec les forces allemandes le 26 août 1914 à Saint-Aignan, petit village de deux cents âmes, dans les Ardennes, Georges est blessé d’un éclat d’obus au niveau des lombaires. Il sera soigné avant de rejoindre le front le 11 novembre. Sa fiche militaire nous apprend qu’il était brancardier, mais il est impossible de préciser s’il a exercé cette fonction dès le début du conflit, ou si c’est après cette première blessure que son statut a été modifié de combattant en soignant.
Toujours est-il qu’il passe à travers les balles pendant deux bonnes années.
Nous le retrouvons le 8 octobre 1916, dans la Somme où les armées françaises et anglaises montent une offensive commune, afin de soulager le front à Verdun. C’est lors de la bataille de Bouchavesnes qu’il est à nouveau blessé, par balle, à la hanche droite. Le village sera totalement détruit dans de violents combats qui provoqueront une véritable hécatombe parmi les combattants.
Tous belligérants confondus, on comptera 1 million deux cent mille morts pendant les cinq mois de la bataille de la Somme.
Georges terminera la guerre, sans autre dommage physique important, pour déposer officiellement et définitivement les armes en avril 1919.
Sa bravoure durant toute cette période lui vaudra 3 citations :
- Citation à l’ordre du régiment le 2 octobre 1917 :
« Soldat dévoué et courageux. A toujours rempli ses fonctions de brancardier avec zèle.
Blessé deux fois à l’ennemi. »
- Citation à l’ordre du régiment le 7 novembre 1917 :
« Au cours des combats des 26, 27 et 28 octobre 1917 a fourni un merveilleux effort physique et moral, pour assurer, en toutes circonstances et dans un terrain difficile, l’enlèvement des morts et des blessés et le transport de ces derniers au poste de secours, quelle que fût la violence des bombardements »
Pour ces faits, il sera décoré de la croix de guerre avec deux étoiles de bronze.
- Citation à l’ordre de la division d’infanterie du 26 août 1918 :
« Brancardier très dévoué. A parcouru le champ de bataille de jour comme de nuit, et a réussi à ramener tous les blessés, sous le tir violent de l’ennemi »
Il recevra la croix de guerre avec étoile d’argent.
Sa fiche matricule indique « médaillé militaire sans traitement ».
Cela signifie-t-il qu’il ne fut pas considéré comme suffisamment atteint pour obtenir une pension ? je ne saurais répondre.
La Croix de guerre :
Elle se présente sous la forme d’une croix pattée en bronze, à quatre branches avec deux épées croisées. Le modèle retenu est celui du maître sculpteur Bartholomé. Sur l’avers figure au centre une tête de « Marianne » coiffée d’un bonnet phrygien et ornée d’une couronne de laurier avec en exergue « République Française ». Au revers figure l’inscription « 1914-1915 », qui est modifiée chaque année jusqu’à la fin de la guerre.
Retour à la vie civile
Quelques mois après la fin des hostilités naîtra Andréa, la première fille du couple. Puis ce sera Emilia en 1924, celle-ci épousera Henri Krawczyk et enfin Lucienne, en 1926. Cette dernière épousera Gérard Fruit.
En 1927, la famille part habiter Malincourt. C’est probablement devant leur maison qu’est prise la photo ci-contre que je situe approximativement dans le milieu de la Seconde Guerre mondiale.
Sur le cliché on reconnaît, à gauche Georges, puis l’une de ses filles, Emilia ou Andréa, puis Adèle Dozière son épouse, et enfin, l'adolescente, Lucienne alias « Maman Lulu » pour tous les anciens bertrésiens de notre génération. Lucienne a indéniablement les yeux de son père et a bien transmis le patrimoine génétique à ses enfants.
Georges n’a jamais complètement recouvré la santé. Il s’éteint à 57 ans, le 10 juillet 1944, quelques semaines après le débarquement des alliés, mais sans avoir la joie de connaître la libération qui n'arrivera chez nous qu'au mois de septembre.
J’espère que cette publication permettra d’apporter quelques informations complémentaires, sur la photo. La date, le lieu et l’identification, Emilia ou Andréa ?
Un grand MERCI Maryse Fruit pour les deux photos qu’elle a bien voulu me confier.
Les amis généalogistes peuvent retrouver l'arbre ICI
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Commentaires
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- 1. Denhez christophe Le Dim 11 août 2024
Bonjour Dominique, merci pour cet article très intéressant sur mon arrière grand père, cela fait toujours plaisir de voir relater les faits marquants de la famille.
Christophe fils de Danièle Fruit, petit fils de Gérard et Lucienne Fruit.-
- Dominique LENGLETLe Dim 11 août 2024
Merci Christophe, c'est sympa, et encourageant, que les plus jeunes s'y intéressent aussi.
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- 2. Danièle FRUIT Le Sam 10 août 2024
Bonjour Dominique,
Micheline m’a transmis cette belle histoire que tu as magnifiquement bien racontée sur mon grand-père.
Ma grand-mère (mémé Adèle) parlait peu mais avec beaucoup d’amour et d’admiration de notre grand-père.
Merci pour ce très bel article, et bravo pour ce travail de recherches effectuées pour toutes ces personnes disparues.
Danièle-
- Dominique LENGLETLe Dim 11 août 2024
Merci Danièle, je suis contente de lire ton commentaire, j'avais peur de ne pas avoir réussi à te joindre. J'étais heureuse de partager avec vous une tranche de vie de votre grand-père dont je savais que vous ne connaissiez pas grand chose, puisqu'il était mort bien avant votre naissance. La généalogie c'est ça aussi, plus que des dates, faire revivre des personnes dans les pensées.
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- 3. Francois LENGLET Le Sam 10 août 2024
C'est au cours de cette même bataille de la Somme que mon grand père Toussaint Valery, originaire de Troisvilles,a été tué
https://lenglet.blog/2018/11/08/souvenirs-de-paul-valery-toussaint-mort-pour-la-france-le-20-septembre-1916/ -
- 4. jean michel soleau Le Sam 10 août 2024
MERCI MONSIEUR POUR VOTRE TRAVAIL J EN AI APPRIS PLUS EN LISANT VOTRE ARTICLE QU EN 70 ANS DE MA VIE-
- Dominique LENGLETLe Dim 11 août 2024
Merci Jean Michel, depuis ton message, nous avons pris contact, tu sais maintenant que je ne suis pas un "Monsieur", pas grave, j'ai l'habitude.
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- 5. Françoise Gaudron Le Sam 10 août 2024
Bonjour Dom
Je viens également de lire ton article qui me concerne également car il s’agit de mon grand oncle par alliance car matante Adèle était la sœur de ma grand-mère
Sur la photo il s’agit d’Emilia
Merci et bises à toi
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